Patrick LAPLACE


DisponibilitéRevenu.e dans sa collectivitéDe deux ans à cinq ansPrivéCanaries - Espagne

Patrick LAPLACE a 57 ans. Dans une première vie professionnelle, il travaille à l’étranger et devient trilingue (français, anglais, espagnol). Il intègre la fonction publique territoriale en 1995 d’abord au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis puis à Saint-Ouen, et s’occupe à chaque fois d’actions à l’international (mobilité des jeunes ou coopération décentralisée). En 2008, Patrick LAPLACE intègre le Département du Val de Marne qu’il quitte en 2016 dans le cadre d’un rapprochement de conjoint lui permettant de vivre une expérience de 3 ans aux Canaries (Espagne) avant un retour en France en 2019.

Patrick LAPLACE a 57 ans. Dans une première vie professionnelle, il travaille à l’étranger et devient trilingue (français, anglais, espagnol). Il intègre la fonction publique territoriale en 1995 d’abord au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis puis à Saint-Ouen, et s’occupe à chaque fois d’actions à l’international (mobilité des jeunes ou coopération décentralisée). En 2008, Patrick LAPLACE intègre le Département du Val de Marne qu’il quitte en 2016 dans le cadre d’un rapprochement de conjoint lui permettant de vivre une expérience de 3 ans aux Canaries (Espagne) avant un retour en France en 2019.

Il est aujourd’hui Chef de Service Appui/ressources au Conseil départemental du Val de Marne.

Son parcours

Après une formation hôtelière et cuisine, Patrick LAPLACE travaille dans différentes structures qui l’amènent à découvrir l’international : un an à Londres dans une brasserie comme chef de rang puis 12 mois comme responsable du Mess au 135ème Régiment du Train en Allemagne (armée) avant un poste de chargé de clientèle pour une structure internationale (International Trading Group France). Il a alors en charge les pays du Golfe et du Moyen Orient et se rend notamment deux fois en Irak.

En 1992, Patrick LAPLACE change de voie et rejoint un Institut Medico Social en Seine-Saint-Denis. Dans ce cadre, en 1994, il participe à l’accueil de médecins cubains, au cours d’un échange entre la Seine-Saint-Denis et Cuba. Puis en 1995, il suit une formation d’aide médico-psychologique. Parallèlement, il discute avec une amie du Conseil général de Seine-Saint-Denis qui développe alors une importante activité d’ouverture au monde pour les jeunes : avec le programme Passeport Monde, ce sont 2000 jeunes qui, chaque année, vivent une expérience internationale. Cette amie cherche des accompagnateurs pour emmener des jeunes à New York. Il rejoint alors le Département comme poste de renfort dans un premier temps puis reste en tant que chargé de destination au service Jeunesse. Il assure ensuite la gestion de 2 destinations du dispositif Passeport-Monde et participe au recrutement et encadrement d’une équipe de 250 vacataires (encadrants de destination). Il reste sur ces fonctions près de 7 ans avant de rejoindre la Mairie de Saint Ouen, toujours sur l’international, comme chargé de coopération décentralisée et suivi du comité de jumelage.

Toutefois, les axes internationaux choisis par la municipalité ne lui conviennent pas et il quitte ce poste après seulement 18 mois pour rejoindre la Maire de Pierrefitte comme collaborateur d’un groupe politique puis chef de cabinet. Dans ses nouvelles affectations, Patrick LAPLACE garde une activité internationale : contribution à la création et la structuration de la mission pour la coopération décentralisée et la paix, mise en place de missions exploratoires et préparation des protocoles de coopération, mise en œuvre, développement, animation, promotion et suivi des projets partenariaux d’actions internationales,… Il reste près de 5 années dans la commune de Pierrefitte.

Avec le changement de majorité aux élections de 2008, il doit trouver une autre collectivité. Il sera recruté au Département du Val de Marne d’abord comme « adjoint à la responsable du service Courier » puis Chef du service Initiatives. L’international s’éloigne.

En 2016, son époux qui travaille dans une grande entreprise internationale a l’opportunité de créer une succursale à Las Palmas sur la Grande Canarie (Espagne). Patrick LAPLACE demande une disponibilité pour accompagnement de conjoint à l’étranger. Sur place il crée et développe une micro-entreprise (cf. § Le fonctionnement sur place).

En 2019, le couple rentre en France. Son mari étant sur Saint Nazaire, Patrick LAPLACE cherche un poste en Loire Atlantique mais faute d’opportunités, il sollicite sa réintégration au Département du Val de Marne. Il est affecté à un poste de Chargé de mission – Régisseur titulaire pour remettre un peu d’ordre dans une régie avant de rejoindre comme chef de service Appui/ressources, la direction de la Jeunesse, des Sports, des Villages vacances et de la Mobilité (DJSVVM) du Département.

Il reste toujours à la recherche d’une mobilité vers une collectivité de Loire Atlantique.

Son départ

Quand il part en expatriation, en 2016, Patrick LAPLACE est en poste au Département du Val de Marne depuis 6 ans. Il lui semble être arrivé au bout de son expérience et craint de tourner en rond. Il est alors attaché principal. L’idée du départ à Las Palmas ne se heurte donc à aucun frein dans son projet professionnel personnel.

Il est affecté à cette époque sur un poste sensible en lien avec le Cabinet du Président et l’annonce de son départ est délicate pour le Cabinet. Au service RH, on découvre ce genre de parcours (« ils n’étaient pas habitués mais depuis j’ai fait tache d’huile »). Patrick LAPLACE sollicite donc une disponibilité pour une année. Il renouvelle cette disponibilité annuellement à deux reprises.

Le fonctionnement sur place

Si la disponibilité pour rapprochement de conjoint à ceci d’intéressant qu’elle ne peut être refusée, elle implique aussi, dès le jour du départ, un arrêt total des émoluments. Lorsque Patrick LAPLACE arrive aux Canaries « je suis sans rien ».

Sur le plan personnel, les différentes contraintes sont simplifiées par l’entreprise de son conjoint (Rolls Royce Marine) qui prend en charge la recherche de logement, les différentes démarches administratives… Il découvre alors qu’il ne peut bénéficier de la « sécurité sociale européenne » qui n’est en fait que pour les vacanciers. En tant qu’expatrié, il doit se replier sur une assurance privée.

Il s’investit dans le club d’accueil francophone. Ces structures associatives sont un point d’appui dans chaque pays (cf. Fédération Internationale des Accueils Français et francophones D’Expatriés – https://fiafe.org/). Ils permettent des facilités avec des banques, des assurances. Mais Patrick LAPLACE et son mari ne veulent pas se retrouver uniquement avec des expatriés et font attention à ne garder des liens que comme points d’ancrages non essentiels (« c’est de la responsabilité de chacun de ne pas s’enfermer dans la communauté française locale »).

Au plan professionnel, Patrick LAPLACE cherche dans un premier temps dans l’hôtellerie, son premier métier. Mais il découvre un cadre professionnel peu valorisant avec un salaire minimum à 650 € mensuel. Lors d’un entretien pour un poste accueil trilingue avec la responsabilité de 20 personnes, on lui propose un salaire de 1100 € mensuel. Il décline et se lance donc dans la création d’une entreprise pour être indépendant. Il crée une activité de vente et d’exports de cosmétiques sur le marché des produits non médicamenteux de soins pour les cheveux, le corps et la protection de la peau. Pour se développer, il intègre le BNI (https://bnifrance.fr/fr/index)  premier réseau d’entrepreneurs dans le monde pour la recommandations d’affaires. « La coopération », c’est l’ état d’esprit que partagent les membres BNI. « Celui qui donne des recommandations en reçoit lui-même. C’est parce que tout le monde donne que tout le monde reçoit. Cette philosophie apporte une cohésion de groupe, constitue un véritable moteur et implique un mode de fonctionnement basé sur la solidarité́, la confiance et l’entraide ». Le réseau regroupe 200.000 membres dans le monde autour d’une méthode basée sur le marketing de recommandations, pour créer du lien : « avec BNI Soluciones, nous avons généré entre nous près de 20 M€ d’affaires dans un cercle de 65 personnes ».

Les enjeux personnels

Cette expatriation est envisagée comme temporaire par le couple : « on a loué un meublé et nous sommes partis uniquement avec une palette ». L’idée est de vivre une expérience un peu décalée par son caractère international « qui nous permettre de voir comment on va se débrouiller » et aussi pour « mettre un peu de piment dans nos vies professionnelles et personnelles ».

Ainsi, lorsqu’ils partent, Patrick LAPLACE et son conjoint « ne savent pas trop où ils vont » : « on est livré à nous même ». En termes de préparation ils regardent un peu les destinations (au début deux propositions sont sur la table : la Norvège ou les Canaries). Mais cela reste en Europe et ils se renseignent finalement assez peu.

Le plus compliqué apparait plutôt dans les relations intra familiales. La mère de Patrick LAPLACE est âgée et son départ, même « à 4 heures d’avion » signifie qu’il laisse à son frère la responsabilité de s’en occuper. « On dit toujours « tu appelles » mais il n’appelle finalement pas ». Les liens sociaux et amicaux se distendent tout autant.

Et après ?

Patrick LAPLACE ne rompt pas le lien avec le Val de Marne. La DRH joue le jeu et répond systématiquement et de manière pertinente lorsqu’il l’interpelle sur diverses questions (avancement, retraite, …). Et il revient régulièrement dans le département pour son entreprise, auprès des Comités d’Entreprises des collectivités et en profite pour entretenir les liens (« on n’est qu’à 4h d’avion de Créteil »).

Au 1er avril 2019, Patrick LAPLACE informe sa collectivité qu’il ne renouvelle pas sa disponibilité et qu’il sollicite sa réintégration en mai. Il reprend contact et se rend compte qu’il n’est pas vraiment attendu… Disant clairement qu’il revient dans l’attente de pouvoir repartir sur Saint Nazaire, aucun poste ne lui est proposé. Il lui est simplement recommandé de se connecter sur l’Intranet du Département pour postuler sur les postes de catégorie A. La DRH reste en appui mais le laisse libre de ses démarches. Les contacts pris avec certaines directions restent sans suite. Patrick LAPLACE postulera à la Maison Départementale des Personnes Handicapées, sans résultat. Il aura un autre entretien à la Direction de la Logistique, sans plus de succès. Son absence de 3 ans de la collectivité lui fait ressentir la perte du lien professionnel. Il continue ses démarches depuis Saint Nazaire et postule ponctuellement sans succès dans un premier temps. Ainsi, de juin à octobre, il reste à Saint Nazaire, touchant son salaire du Département jusqu’à ce jour où il reçoit un appel de la Direction Générale pour un poste urgent sur « une mission de confiance » : le voilà de nouveau à Créteil.

Parallèlement, il prend certains contacts dans des collectivités de Loire Atlantique. Mais l’expérience internationale fait peur : « est ce que vous allez recommencer ? »

En termes de compétences acquises, Patrick LAPLACE tire les enseignements de son expérience de création d’entreprise : « j’ai tout fait tout seul. Maintenant, je peux parler facilement à tous les acteurs : la communication, les études de marchés , …je sais de quoi on me parle ». Mais la collectivité n’en est pas consciente : « un individu qui sort du cadre strict fait peur ».

Ainsi, si on ne le questionne plus, au bout de 3 ans sur une possible envie d’un nouveau départ, dans les entretiens pour des postes auxquels il postule, son expérience internationale n’est jamais abordée. De la même manière, aucune question ne lui est posé par les RH sur son expérience à l’étranger. Récemment, un collègue qui a souhaité vivre la même expérience pour accompagner son épouse aux USA est venu en parler avec lui, pour prendre conseil.

Son conseil

« Ne pas hésitez ». C’est une expérience importante si on s’y prépare un peu.

Mais attention « on n’attend pas les Français ». Il faut faire sa place.

Entretien réalisé par Yannick Lechevallier

Juillet 2022


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