Son parcours
Marion LEDUC est diplômée de Sciences Po Rennes. Durant ses études, elle a eu l’opportunité de passer une année au Mexique, une expérience qui a enrichi ses compétences linguistiques et interculturelles. Après ses études, elle réussit le concours d’administratrice territoriale et intègre l’INET en 2012. Elle commence sa carrière comme Directrice de l’administration générale Santé et Petite Enfance à la Ville de Bobigny, poste qu’elle occupe pendant près de deux ans au sein d’un Centre polyvalent de santé.
En 2015, Marion accompagne son conjoint, parti en expatriation aux États-Unis. Pendant trois ans à Houston, elle s’implique dans diverses activités, tout en construisant une vie familiale avec la naissance de leur premier enfant.
La famille revient en France en 2018. Il n’y a alors pas de poste ouvert pour une administratrice à Bobigny.
En 2019, à la suite de la mutation de son mari à Grenoble, elle a connaissance, par le CNFPT, d’une mission d’intérim en tant que DGA Pôle vie sociale à Vénissieux, poste qu’elle occupera pendant huit mois. En janvier 2020, elle rejoint le CCAS de Grenoble en tant que Directrice de l’action sociale dédiée aux personnes âgées.
Le fonctionnement sur place
Le mari de Marion, cadre dans une grande entreprise, bénéficiait de nombreuses opportunités de mobilité internationale. Lorsque l’occasion d’expatriation s’est présentée, le couple avait déjà envisagé cette possibilité et la décision s’est prise naturellement. Marion a demandé et obtenu une disponibilité pour suivre son conjoint, avec une obligation de préavis de trois mois. Le remplacement a été organisé rapidement par la Ville Elle est donc remplacée quelques temps après son départ. Elle garde quelques liens avec sa collectivité .
Coté logistique, son mari est parti trois mois avant elle. L’ensemble de l’installation est pris en charge par la société de monsieur. « Tout était encadré au plan logistique, administratif avec une assurance médicale très performante. C’était un vrai confort ».
Marion LEDUC s’inscrit au consulat français en arrivant et essaie de se rapprocher du groupe des Français de Houston. Ce réseau est un vrai soutien, notamment au moment de l’installation, Après avoir tissé des premiers liens , Marion souhaite explorer d’autres explorer d’autres facettes des Etats Unis et va voir au-delà rapidement. Ayant le droit de travailler avec son statut de conjointe, Marion a renforcé sa maîtrise de l’anglais à l’Université de Houston en suivant un programme axé sur les subtilités de la langue et de la culture américaine. Elle a également suivi une formation continue en Fundraising pendant les six premiers mois de son séjour.
Passionnée par les questions sociales, Marion a cherché à s’impliquer bénévolement dans des actions locales. Elle rejoint rapidement le réseau CARITAS, où elle travaille sur des projets d’accueil des migrants et de gestion de la banque alimentaire. Grâce à ses compétences en espagnol, elle trouve rapidement sa place dans l’équipe dédiée au soutien des migrants latino américains. Après quelques mois, elle postule à un poste salarié et est recrutée, sa connaissance des lieux et du fonctionnement ayant été un plus. (« l’équipe m’avait vue travailler en tant que bénévole, cela a facilité les choses et le fait d’être française n’a pas été un frein »).
Dans le milieu professionnel américain, Marion a observé une approche différente des relations de travail, marquées à la fois par une grande flexibilité et une certaine précarité. On peut ainsi être licencié du jour au lendemain, mais les conflits sont rarement visibles. En même temps, elle nous précise que « l’employé aussi peut partir du jour au lendemain si le job ne lui convient pas. Chacun sait qu’il peut rebondir et s’autorise ainsi à chercher ailleurs ».
Mais le revers de la médaille de cette liberté, c’est que tout peut s’écrouler très vite. « On réalise cela et on revient avec la conscience forte de notre filet de sécurité offert de manière générale en France, et en particulier par le statut d’agent public». Cette réalité l’a marquée et a influencé son approche du management à son retour en France.
Les enjeux personnels
Pour Marion, l’expatriation a été une occasion précieuse de découvrir un autre pays et une autre culture. Elle souligne l’importance d’être prête à accepter d’être surprise,de dépasser ses premières impressions et son propre référentiel. « Parfois, une manière d’entrer en relation peut sembler étrange, mais il faut l’accepter telle qu’elle est, sans forcément chercher à l’analyser immédiatement, car cela fait partie des différences culturelles ».
Avec son année au Mexique (études) et son expatriation aux USA, Marion LEDUC pratique aujourd’hui aisément l’anglais et l’espagnol.
Mais l’expatriation totale n’était pas à l’ordre du jour. « Nous savions que c’était temporaire et nous n’avons jamais envisagé une installation en Amérique. J’aspirai à retrouver la fonction publique territoriale au retour ». Pour Marion, cette expérience est « un pas de côté », un enrichissement personnel et professionnel sans pour autant remettre en question son engagement dans la fonction publique.
Sur le plan professionnel, elle voulait comprendre comment fonctionne le secteur social aux États-Unis. « Profitons-en pour aller travailler sur le terrain et découvrir les usages ». Elle a pu découvrir un rapport très différent à la solidarité nationale. Elle découvre aussi une gestion très différente du bénévolat. « J’ai été frappée par toutes les étapes à suivre pour devenir bénévole. Nous avons des choses à prendre notamment en matière de formation -très solide- ou de processus d’intégration -très structuré- avec des personnes référentes ».
Et le retour ?
A son retour en 2018, Marion LEDUC recontacte sa collectivité d’attache, la Ville de Bobigny. Aucun poste d’administrateur n’est disponible. Elle est donc placée en surnombre quelques mois. Puis, enceinte de son deuxième enfant, elle part en « congé maternité » . L’accompagnement du CNFPT lui permet d’avoir connaissance d’une mission d’intérim à la ville de Vénissieux, plus proche de la région vers laquelle elle se projette désormais.
Marion LEDUC a eu peu l’occasion de partager cette expérience américaine. Ponctuellement cela peut faire écho à d’autres expériences de certains mais cela est rarement abordé lors des entretiens de recrutement. Néanmoins, cette période reste pour elle un atout et un point de référence dans son parcours.
Son conseil
Désormais, Marion LEDUC est convaincue que l’expatriation, pour un temps donné, est possible et accessible. Elle recommande d’être préparé avant le départ, tant du point de vue administratif que sur la connaissance des différentes possibilités dans le pays d’accueil. .. Sur place, pour Marion, il ne faut pas hésiter à utiliser les différents réseaux, associations locales (« j’ai intégré une chorale »), à ouvrir un maximum de possibilités. Par ce biais, des opportunités se présentent, des idées se font jours, etc.
Son conseil : « Le milieu des expats est précieux au départ mais n’hésitez pas à aller vous confronter au milieu professionnel local qui est plein d’opportunités».
Une anecdote : Une formation professionnelle suivie avec les collègues, obligatoire pour tous les salariés et révélatrice des thématiques en jeu aux Etats-Unis : comment réagir face à une éventuelle irruption d’un tireur actif dans les locaux ? Run, Hide, Fight !
Entretien réalisé par Yannick Lechevallier
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Aout 2024