Marine BALLET


DisponibilitéEn poste au moment de la rédactionDe deux ans à cinq ansAutreMadagascar

Marine BALLET a 30 ans. Après un diplôme d’Ingénieure obtenu à l’école Polytech Tours en 2015 durant lequel elle a effectué un semestre d’échange universitaire à l’Université de Laval, au Canada (en aménagement du territoire et développement régional), elle intègre le Conseil régional de Bourgogne-France-Comté en 2016. Elle passe le concours d’ingénieur territorial en 2018. En 2021, Marine BALLET souhaite une expérience internationale et candidate pour un poste de VSI (Volontaire en Solidarité Internationale) à Madagascar pour le compte du Département du Finistère. Elle y gère la coopération décentralisée du Département avec la Région Diana.

Son parcours

Marine BALLET a suivi des études en Aménagement du territoire au sein des écoles d’ingénieurs Polytech, d’abord à Grenoble puis à Tours. Au cours de son cursus de cinq années, elle a profité aussi une session d’échanges universitaires avec l’Université de Laval (Canada) pour suivre un cursus de cinq mois sur l’Aménagement du territoire et le développement régional.

En 2016, après un stage de fin d’études en Martinique au Parc naturel régional, Marine BALLET rejoint le Conseil régional de Bourgogne Franche Comté (BFC) en tant que contractuelle au moment de la fusion des régions. Dans ce moment particulier, elle enchaine plusieurs courts CDD au sein de l’institution sur des mission de prospective et de planification. Sa directrice l’incite alors à passer le concours d’ingénieur de la Fonction publique territoriale (« ce n’était pas mon projet professionnel au départ. Ma motivation était alors plutôt de partir à l’étranger »). Elle le réussit en 2018 et intègre donc comme fonctionnaire, le Conseil régional.

Marine BALLET a beaucoup apprécié ses expériences au Québec et en Martinique, au sein d’un environnement différent. Elle souhaite repartir (« mon premier choix était plutôt l’Afrique »). Elle commence donc à chercher des opportunités début 2020. Mais ses projets sont retardés par l’épidémie de la Covid 19 et le confinement. « A l’arrivée de mon nouveau directeur, en 2019, je suis de suite très claire sur mon souhait d’un départ à l’étranger ».

Elle continue à consulter les offres de différentes ONG et identifie l’offre de Volontariat de Solidarité International proposé par le Département du Finistère et France Volontaires début 2021

Son départ

L’identification de cette possibilité de départ a demandé du temps. « j’ai passé énormément de temps à chercher ; j’ai suivi les webinaires VETI proposés par le CNFPT INET (identifiés par hasard) ; j’ai beaucoup fouillé par moi-même ». Pour l’offre de VSI (Volontaire de Solidarité Internationale ), elle candidate en février 2021 et est acceptée fin mars.

Mais quand Marine BALLET candidate sur le poste à Madagascar pour le suivi de la coopération du Département du Finistère avec la Région de Diana, le départ est prévu très rapidement. Elle doit donc négocier dans un premier temps, la possibilité de retarder ce départ car elle a trois mois de préavis à effectuer avec le Conseil régional de BFC, son employeur. « Mes supérieurs étaient au courant de ma démarche et j’ai pu négocier de partir quelques semaines avant la fin du préavis ». En effet, Marine BALLET avait déjà eu plusieurs entretiens avec des ONG et cette contrainte du préavis de 3 mois avait déjà bloqué un premier départ « j’avais déjà sondé mon supérieur et le service RH ». Selon elle, la Région a été arrangeante « ils auraient pu refuser mon départ, ils ont mis un an pour me remplacer après deux recrutements infructueux ».

Toutefois au début de sa disponibilité, en mai 2021, les frontières malgaches sont toujours fermées et son départ est finalement repoussé à septembre 2021. Résultat, Marine BALLET se retrouve sans rémunération pour les trois mois d’été : « retour cher papa et maman ».

Ensuite, au plan statutaire, les échanges avec la Région sont parfois un peu compliqués car les Ressources Humaines n’ont pas la connaissance de ce statut de volontariat. Première désillusion pour Marine BALLET, comme le contrat de Volontariat de Solidarité International n’est par un contrat de travail (elle touche une indemnité), elle ne peut prétendre au maintien à l’avancement.

Par ailleurs, pour accélérer son départ, elle souhaite partir sur ses congés accumulés à la Région. Cette option lui est refusée car elle ne peut cumuler deux statuts (Ingénieur territorial et Volontaire).

Le fonctionnement sur place

Marine BALLET est officiellement sur place « Coordinatrice de projets pour la coopération décentralisée Région DIANA – Finistère ». Sa mission et d’accompagner des porteurs de projets en Diana sur la création et le financement d’activités puis une aide à la réalisation. Cela fait 20 ans que cette coopération décentralisée existe avec la Région de Diana ce qui permet un lien fort et un appui institutionnel pour certaines initiatives. « En France, je n’étais pas sur le financement de projets, j’étais sur des études. Je n’avais pas de budget. A Madagascar, je gère plus de 30 k€ ». Mais c’est sa connaissance des collectivités qui a retenu l’attention de son nouvel employeur « je ne suis pas du Finistère mais j’ai cette connaissance du fonctionnement des collectivités qui permet de comprendre notamment les délais dans les demandes de décision au sein d’une collectivité ».

Néanmoins, la mission de Marine BALLET est un peu particulière : « je suis la dernière volontaire car la coopération décentralisée évolue et le bureau local ferme ses portes ».

Sur le plan professionnel, pour Marine BALLET, cette expérience à Madagascar « ce n’est pas une parenthèse dans ma carrière ». Elle augmente ses compétences notamment sur la gestion administrative et sur le management et les RH (« je dois gérer les licenciements liés à la fin de la coopération »). Elle pense pouvoir ainsi enrichir ses futures candidatures pour des postes de cheffe de service (« je vais le mettre en avant cette expérience »). D’ailleurs, sur le lien avec les différentes personnes (partenaires ou équipe), elle développe un relationnel plus fort qu’en France : « ici le mél ne sert à rien, on se téléphone ou on se rencontre ».

Par ailleurs, elle acquière aussi, selon elle, une forte expérience de terrain : « à la Région, j’étais sur de la conception, à un niveau « stratosphérique. A Madagascar, je suis sur du concret ». Cela permet selon elle un aller-retour très bénéfique au plan professionnel.

Mais surtout, selon Marine BALLET, la première qualité développée est son adaptabilité : « on peut parfois rencontrer des situations ou des fonctionnements qui nous paraissent aberrants mais il faut admettre qu’on ne peut (doit) tout changer, qu’on ne peut imposer nos méthodes ». Mais c’est aussi sur l’innovation qu’elle porte un regard intéressant : « en BFC, j’étais sur le laboratoire d’innovation qui nécessite un travail important de déconstruction. A Madagascar, cette phase de « déconstruction » est moins nécessaire ».

 

Les enjeux personnels

Au niveau de France Volontaires, « j’ai été très bien accompagnée ». Marine BALLET suit les différentes formations de préparation au départ, avec assurance et vaccinations, etc. Par ailleurs, elle peut bénéficier de l’antenne de la structure à Madagascar pour l’aider dans la prise des premiers repères au début de la mission.

Par ailleurs, elle échange beaucoup avec l’ancienne volontaire pour mieux comprendre l’environnement dans lequel elle s’installe pour deux ans.

Sur place, Marine BALLET touche une indemnité mensuelle de 788 € et son logement est pris en charge par la coopération décentralisée. C’est une rémunération qui dénote des indemnités d’expatrié, notamment du réseau du ministère des Affaires Etrangères. Pour Marine BALLET « c’est un choix de vie : certes je ne mets pas d’argent de côté mais je vis très confortablement avec ça ». Mais quand elle entend des remarques comme « tu as de la chance », elle rappelle qu’elle a cherché cette mission et qu’elle a fait des choix.

Si la vie culturelle peut lui manquer parfois, Marine BALLET s’est investie dans le fonctionnement de l’alliance française qui lui apporte d’autres plaisirs. Selon elle « ce sont nos activités qui jouent sur notre intégration locale – ou notre exclusion ». Par exemple, du fait de l’écart du niveau de vie, les malgaches accompagnent peu les français dans les activités payantes et les sorties régulières au restaurant ou au bar (« sauf si on leur paye le repas »).

Elle peut rentrer une fois au cours de sa mission, à mi-parcours. Elle est donc revenue en France six semaines (dont deux dans le Finistère avant de prendre des congés). « Je suis revenue avec plaisir, tant en France qu’ensuite à Madagascar ». Elle pense qu’après ce contrat de deux ans elle ne prolongera pas.

A l’heure de la lutte contre le changement climatique, Marine BALLET, bien que déjà sensible à ces questions avant son départ, renforce sa prise de conscience : « ici on fait attention aux ressources en eau, pas par conscience écologique mais parce qu’on n’en a pas tous les jours au robinet ; s’il y a un appareil en panne, on cherche un réparateur, etc. »

Et le retour ?

Pour l’instant Marine BALLET n’a pas réellement formalisé son retour. Pour la Région BFC, elle est sur une disponibilité de deux ans jusqu’en mai 2023 qu’elle prolongera de 4 mois pour finir son contrat avec France Volontaire. La fermeture du bureau local étant programmée un peu avant, il est prévu avec le Finistère qu’elle finisse son volontariat à Quimper « ce qui permet un retour à la vie française moins brutal ». Et Marine BALLET se laisse un mois de battement en septembre avant de reprendre dans une collectivité.

Pour l’instant « j’ai gardé des contacts avec l’équipe en Bourgogne-Franche-Comté ; mais est-ce que je rentrerai en BFC ? ». Lors de sa demande de prolongation de sa disponibilité, elle a posé la question au service RH mais le recrutement semble long. « Mon inquiétude est qu’il y a peu de postes d’ingénieur qui m’intéressent à la Région ».

Mais Marine BALLET ne s’inquiète pas trop : « je suis consciente que j’aurai au moins un salaire. Si le poste proposé ne me plait pas, j’aurai la possibilité de chercher dans une autre collectivité ».

Son conseil

Pour Marine BALLET, il faut vouloir partir, en avoir une réelle volonté. En effet, il y a peu d’informations sur les droits et les possibilités. Il faut donc se donner les moyens.

 

Entretien réalisé par Yannick Lechevallier

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

octobre 2022


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