Jérôme KOHL


Réseau France (MEAE, Alliance française, Expertise France, …)Revenu.e dans sa collectivitéDétachementDe un an à moins de deux ansNamibie

Jérôme KOHL a 52 ans, est divorcé et remarié et père de trois enfants encore scolarisés. Il est parti en expatriation, sous statut de détaché auprès du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères en 2017, en tant que Directeur du Centre Culturel Franco Namibien à Windhoek en Namibie.

Jérôme KOHL a 52 ans, est divorcé et remarié et père de trois enfants encore scolarisés.

Il est parti en expatriation, sous statut de détaché auprès du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères en 2017, en tant que Directeur du Centre Culturel Franco Namibien à Windhoek en Namibie.

Le parcours

Jérôme KOHL a débuté sa carrière au sein des collectivités locales en 1993 à la Mairie de Clamart (92) où il est d’abord chargé de mission politique de la ville, puis responsable par intérim du CCAS, et enfin Directeur de l’administration générale (suivi des conseils municipaux, des marchés publics) jusqu’en 1996.

Il quitte Clamart pour le sud de l’Aquitaine en 1996 pour le poste de Secrétaire Général de la mairie d’Odos ((65)- 3300 habitants) puis en 1997,pour 4 ans, il devient Directeur Général des Services de la mairie de Vic-en-Bigorre ((65), 5300 habitants) et de la communauté de communes Vic-Montaner ((64-65), 9000 habitants)

Il poursuit sa carrière en 2002 comme Directeur Général Adjoint des Services à la mairie d’Agen ((47), 33 000 habitants) en charge des Ressources humaines et des services à la population (social, sports, jeunesse, éducation, culture). Il y reste jusqu’en 2005, année à laquelle il rejoint le CNFPT comme Directeur de l’antenne « Pyrénées Atlantiques »(64), en charge également des formations dans le domaine Europe et International pour l’Aquitaine. Il reste au sein du CNFPT durant 7 ans.

En 2012, il retourne en collectivité, au sein du Département des Pyrénées Atlantiques, d’abord comme DRH adjoint (1 an) puis Directeur de la communication par intérim (1 an) et enfin responsable coopération internationale (3 ans).

C’est en 2017 qu’il part en expatriation sur un détachement auprès du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères en tant que Directeur du Centre Culturel Franco Namibien à Windhoek en Namibie.

Depuis septembre 2019 et sa réintégration au sein du Département des Pyrénées Atlantiques, il est sur un poste provisoire en charge d’une étude sur la sécurité incendie.

Il cherche à rebondir professionnellement dans une autre collectivité.

Le départ

Jérôme KOHL candidate en novembre 2016 sur un poste au sein du réseau du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères pour un départ en septembre 2017.

A la suite des élections départementales de 2015 qui avaient vu un changement de majorité, l’action internationale du Département était fortement discutée et le poste de Jérôme KOHL était, si ce n’est menacé, devenu moins intéressant.

L’idée de relever un nouveau challenge professionnel très différent et passionnant et de vivre concrètement l’expérience de l’expatriation germe.

Jérôme KOHL, par son activité de responsable des Relations internationales, a en charge,  à ce moment, les accords de coopération du Département des Pyrénées Atlantiques (essentiellement celui avec la province de Misiones, Argentine), le soutien aux acteurs associatifs du territoire, et la mise en place de congés de solidarité pour les agents du Conseil Départemental.

 

Connaissant un collègue du Département parti en expatriation avec le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères l’idée lui vient de candidater ; il le contacte pour en savoir plus et se convainc de l’opportunité. Il s’inscrit alors sur le site de Ministère où les postes sont présentés.

Il se connecte en novembre : le mercato est déjà terminé et peu de postes sont alors proposés. Mais deux postes correspondent à ses envies et il finalise son dossier.

Il est retenu pour des entretiens et obtient le poste en avril 2017 pour un départ en septembre 2017.

Ces cinq mois ne sont pas de trop pour finaliser le dossier au Ministère : « des milliers de choses à faire » notamment de nombreux tests médicaux pour confirmer l’aptitude au départ, et nombreuses démarches administratives.

 

Son contrat démarre officiellement au 1er septembre 2017. Le Ministère ne pouvant engager aucun frais avant cette date, il réalise la « formation au départ » du 2 au 8 septembre. Il ne peut faire de mission en amont pour repérer les lieux, prendre des contacts ou faire un tuilage (trop cher pour les deniers personnels).

L’ensemble de la préparation se fait donc à distance (10 000kms) par téléphone et courriels, en s’appuyant sur les futurs collègues de l’ambassade : il loue la maison d’un ancien expatrié, sur photos ; il achète à distance sa voiture et doit inscrire les enfants au lycée international de la même manière.

Pour la « préparation culturelle » il se plonge dans de multiples livres et sites Internet pour s’informer sur le pays, d’autant qu’il n’y est jamais allé auparavant, même s’il avait séjourné à plusieurs reprises dans d’autres pays africains.

Il décolle avec famille et bagages le 9 septembre 2017.

Le fonctionnement sur place

Jérôme KOHL n’a ressenti aucune difficulté à s’adapter au nouvel environnement institutionnel. Si le  Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères est une structure lourde et compliquée à comprendre, en revanche l’ambassade à Windhoek, est de taille très réduite (poste à présence diplomatique), ce qui limite tout problème d’intégration. Jérôme KOHL connaît tout de suite les collègues et l’accueil est bon, l’entraide réelle, …

Certains peuvent penser que partir en expatriation, en Namibie équivaut à des « grandes vacances » ; au contraire, sur un poste si éloigné avec peu de moyens, Jérôme KOHL se trouve avec énormément de travail et des responsabilités très importantes (et les soucis qui vont avec).

Au plan financier, certes, la rémunération est vraiment très intéressante : entre primes et rémunération, il perçoit près de trois fois son salaire en France ! mais il faut alors tenir compte des surcoûts : d’abord les billets d’avion quand vous rentrez en France en famille ça coûte très cher (les premiers prix sont à 950 € par personne) ; mais aussi la scolarité (près de 3000 € par mois pour les 2 enfants), le logement, les frais de santé…

A ce propos, Jérôme KOHL a eu un accident de travail grave avec sa voiture. Cela entraina des complications administratives sérieuses qui ont été prises en charge par le Ministère. Mais cela génère aussi des frais de santé très importants. Or à Windhoek, pas de carte vitale : il faut remplir des formulaires tout le temps et avancer les frais. Il faut bien prendre en compte cela dans sa gestion budgétaire dès avant le départ.

Les enjeux personnels

Si Jérôme KOHL n’avait pas d’expérience particulière à l’étranger, il était engagé dans le milieu culturel : notamment, au plan associatif, il est, de 2014 à 2017, Président du Méliès, cinéma d’art et d’essai de Pau ce qui explique sans doute le choix du Ministère pour cette mission au sein du Centre Culturel.

Le départ est une décision familiale. Mais pour une famille recomposée cela induit des parents des enfants (divorcés) qui restent en France. Ainsi, les enfants qui viennent s’éloignent de leur parent restant en France et inversement, l’enfant qui reste, s’éloigne de son père qui part en expatriation.

Cela génère d’abord de nombreux frais d’avion pour garder régulièrement le contact (malgré des trajets de 12 à 24h -pas de vol direct !) mais aussi des changements d’organisation (un des enfants a souhaité revenir en France et un autre a souhaité inversement venir en Namibie).

Comme tous les expatriés en Namibie (il n’avait pas pu chercher en dehors de ce réseau) Jérôme KOHL et sa famille ont loué une maison dans un quartier huppé (il y a une énorme ségrégation liée au logement, c’est un des aspects des inégalités abyssales au niveau de la population namibienne), avec clôture électrique et alarme ; Au plan sécurité, ils évitent de se promener le soir tombé dans les rues. Il faut être vigilant à tout instant : ainsi on ne retire de l’argent au distributeur que s’il y a à côté de l’ATM un garde armé ; ne rien laisser dans la voiture si on ne veut pas se la faire fracturer, etc…

Mais cela ne l’a pas empêché de rencontrer de nombreuses personnes locales : de par son poste Jérôme KOHL est en contact avec de nombreux namibiens, artistes, fonctionnaires, banquiers, etc…avec qui il sympathise souvent, et partage de nombreux moments conviviaux : « mais pour se faire de « vrais amis » ça prend plus de temps ».

Par ailleurs, Jérôme KOHL rappelle que le pays est encore marqué par l’apartheid, qui existait jusqu’en 1989 (le pays est devenu indépendant de l’Afrique du Sud en 1990), et les tensions entre ethnies sont palpables. Et au plan interculturel, cela joue : étant habitué à l’interculturalité, Jérôme KOHL a plutôt bien vécu sa mission cependant « même si on est informé ce n’est pas toujours facile ». Ainsi en situation de management « si vous faîtes une erreur, ou si vous n’allez pas dans la bonne direction il ne faut pas attendre de vos subordonnés qu’ils vous en informent, c’est totalement contraire à leur culture, très respectueuse (trop ?) vis-à-vis de la hiérarchie ; vos collègues vous diront oui mais penseront parfois non, et connaître le fond de leur pensée est très difficile ».

Et après ?

Le retour a été difficile pour Jérôme KOHL.

Tout d’abord, il est rentré pour raisons familiales avant la fin de sa mission, en janvier 2019. Le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères l’a alors gardé sous contrat jusqu’à l’échéance d’août 2019 mais sans affectation.

A son départ de sa collectivité d’origine, son poste n’a pas été de suite remplacé. Mais celui-ci a finalement évolué et pourvu. Lorsqu’il demande sa réintégration (d’abord par un courrier trois mois avant la date de retour), sa collectivité ne lui propose pas de poste correspondant à ses compétences, ou lui permettant de valoriser son expérience. Il essaie de trouver une autre collectivité, notamment une ville mais l’approche des municipales, en cette fin 2019, rend compliquée cette mobilité.

Il réintègre finalement le Conseil départemental sur une mission « incendie » pour quelques mois.

Il espère que cela évolue prochainement.

Son conseil

De son expérience en Namibie, Jérôme KOHL recommande de bien réfléchir sur son départ.

Il est nécessaire de posséder une réelle capacité d’adaptation bien entendu, surtout quand on part dans un pays où tout est différent : la langue, la culture, le climat, le système administratif, etc…jusqu’à la conduite à gauche !

Il faut aussi savoir se remettre en question, sortir du cadre professionnel que l’on connaît et avoir grande ouverture à la différence, une capacité d’empathie. Les modes de fonctionnement sont très différents : il faut s’armer d’une grande patience, être tolérant et ne pas être jugeant.

Mais c’est cette différence qui fait l’attrait de l’expérience de l’expatriation : ce qu’il a apprécié plus particulièrement, c’est justement cette très grande différence, le fait de se sentir ailleurs, de sortir de tous ses repères ; dans un très beau pays, avec des rencontres humaines particulièrement enrichissantes.

Le point essentiel apparait être de bien réfléchir à tous les aspects, notamment familiaux avant de candidater : les retours précipités en France sont le plus souvent dus à des problèmes personnels (épanouissement du conjoint, problèmes liés aux enfants, aux parents âgés, etc…) ; ce qui signifie qu’il vaut parfois mieux attendre le bon moment pour partir, lorsque le contexte personnel est très favorable (enfants partis en université, …).

Mais il recommande vivement de tenter cette expérience exceptionnelle, tellement enrichissante

 

Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Avril 2020


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