Son parcours
Jean-Baptiste CUZIN est diplômé de Sciences Po Paris (DEA d’études politiques) et de l’Université libre de Berlin (diplôme franco-allemand en sciences politiques et sociales). Il débute sa carrière internationale en 1998 par un premier poste à Budapest à l’Ambassade de France en Hongrie durant 16 mois. Quand il revient à Paris en 2000, il intègre le Ministère de la Culture et de la Communication où il officie comme chargé de mission sur les questions européennes.
Il quitte la capitale en 2005 pour prendre le poste de directeur administratif et financier de l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy (ENSAD Nancy). Mais après deux ans, il repart à l’étranger. Il est alors détaché au Ministère des Affaires étrangères et rejoint en septembre 2007 l’Ambassade de France en Roumanie comme conseiller adjoint de coopération et d’action culturelle. Il restera 4 ans à Bucarest.
Après cette période il doit revenir en France. Il est réintégré au Ministère de la Culture où il devient cette fois le chef du bureau des affaires internationales et multilatérales, poste qu’il occupe durant 3 ans ½ .
En 2015, nouveau départ vers l’Est de l’Europe. Il prend la direction de l’Institut français de Serbie (Belgrade, Niš, Novi Sad), tout en étant Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle (COCAC) à l’Ambassade de France. Il y restera quatre années jusqu’en juillet 2019.
La règle au MEAE est de revenir en France tous les quatre ans. Aucune perspective intéressante s’offrant à court terme en administration centrale à Paris, il discute avec son épouse et le couple convient qu’ils ne souhaitent pas revenir sur Paris. Comme il a accompagné des collectivités locales durant sa carrière, il envisage alors mettre son expérience et son expertise au service d’une Région ou d’une agglomération. Le Président de l’époque pour la Région Grand Est, Jean Rottner, souhaite recruter un praticien des relations internationales capable de porter l’ouverture des élus à l’Europe et l’International. Un chasseur de tête est missionné et le contacte. La Région recherche une personne qui serait légitime au sein du réseau du Ministère des Affaires étrangères. Son recrutement devient évident.
En aout 2019, Jean-Baptiste CUZIN rejoint le Conseil régional Grand Est comme Directeur de la coopération transfrontalière, européenne et internationale.
Le fonctionnement sur place
Lorsque Jean-Baptiste CUZIN arrive, il a l’impression d’une très forte valorisation de son expérience internationale, bien que n’étant pas diplomate de carrière : « on a quelqu’un qui vient du Quai ». De son côté, c’est sa première expérience en collectivité. Il lui faut apprendre le fonctionnement d’une collectivité décentralisée, après 20 ans de carrière au sein de l’Etat. Il été impressionné par l’accueil chaleureux et le soutien de ses collègues et s’appuie fortement sur son directeur-adjoint, au profil parfaitement complémentaire, pour prendre ses marques.
Son premier étonnement est de découvrir un complexe d’infériorité de la collectivité face à l’Etat : une relation qu’il s’attache à rééquilibrer notamment au moment du Covid et des confinements. Par ses connaissances diplomatiques et sa pratique internationale, il tisse les liens sur le franco-allemand, fait évoluer la place de la Région, en s’accordant avec la Préfecture. « Venant du MAE, je maitrisais les codes et les réseaux de l’Etat ». Il facilite ainsi le transferts de malades entre la France et l’Allemagne ou le passage de certains transfrontaliers bloqués par les confinements.
Son second étonnement est interne à la collectivité. Cela ne concerne pas la chaine hiérarchique car celle du MEAE est déjà très forte. Mais il est surpris de la retenue extrême des services, de leur effacement vis-à-vis des élus. Ce fût donc son second chantier : rééquilibrer et rehausser le niveau de contacts des services pour défendre la place de la collectivité régionale. Les élus n’en prennent pas ombrage, au contraire.
Aujourd’hui après cinq années, il reste encore complexe de faire appréhender à tous, élus, direction et agents que chacun tisse sa toile, son réseau au service de la Région. Et que l’Institution bénéficie de ces liens, quelques soient les personnes. Pour renforcer cela, Jean-Baptiste CUZIN a instillé dans son service un management issu de sa pratique internationale basé sur des relations de confiance. « Avec mon équipe j’ai passé beaucoup de temps à expliquer les dessous du métier de la coopération : à la fois sous-exposés et surexposés. Notre véritable actif, c’est le réseau que l’on est capable de mobiliser pour atteindre les objectifs ». Ainsi pour illustrer l’importance de créer des liens personnels, il précise comment il incite les membres de l’équipe du service Relations internationales à tisser des liens avec les partenaires sénégalais, ukrainiens, etc.
L’apport de l’expérience de Jean Baptiste CUZIN au sein du réseau français à l’international, pour la Région Grand Est, a été de construire une activité régionale à l’international qui soit autonome mais aligné avec le MEAE, au service du territoire et de la France. Cette idée d’être au service du territoire est au fondement du portage politique fort de la politique internationale de Grand Est « Nous sommes conscients qu’on se nourrit mutuellement dans l’échange et la construction intellectuelle ». Mais le retour sur investissement doit être la colonne vertébrale de la politique internationale.
Les enjeux personnels
Sa prise de poste à Strasbourg a permis un rééquilibrage de la carrière professionnelle de sa femme et de lui, constat ayant été fait durant l’expatriation en Serbie des difficultés statutaires et conjoncturelle pour le couple d’avoir une double-activité professionnelle pleine.
Son conseil
Capitaliser sur son réseau professionnel, en le diversifiant, et considérer que la coopération internationale est encore plus renforcée quand elle contribue à projeter à l’international des politiques publiques relevant d’une compétence première de chaque collectivité, afin d’apporter des idées et propositions partenariales nouvelles pour piloter lesdites politiques publiques.
Entretien réalisé par Yannick Lechevallier
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Aout 2024