Son parcours
Guillaume TINLOT a débuté sa carrière professionnelle comme professeur agrégé d’économie-gestion, en 2005, après un doctorat à l’Université Savoie Mont Blanc. En 2009 il entre à l’ENA. A sa sortie, il intègre le corps des Administrateurs de la Ville de Paris et rejoint la Direction des finances de la Ville. Il reste quatre ans à Paris avant de partir à la Cour des comptes, de 2015 à 2017.
En 2017, Guillaume TINLOT revient à la Ville de Paris pour cinq ans où il occupe un poste à la Direction des Ressources humaines puis à la direction de la Police municipale et de la Prévention.
En 2022, il exerce deux ans à la DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique). Depuis novembre 2024, Guillaume TINLOT est revenu à la Ville de Paris comme Directeur des finances et des achats.
Au cours de sa carrière, intéressé par se confronter à d’autres expériences à l’étranger, il a pu mener différentes missions d’expertise internationales depuis janvier 2014. Il ’effectue ses premières missions pour le compte d’Expertise France en Albanie dans le cadre d’un programme de pré-adhésion. Sur ses fonctions à la Cour des Comptes, il a participé à un programme de formation à destination des juridictions financières de différents pays africains.
Sur ses fonctions à la Ville de Paris depuis 2017, il a l’opportunité de repartir à plusieurs reprises : pour la Banque Mondiale sur les fonctions RH, puis une mission TAIEX en Turquie sur la commande publique en Europe. Il participe aussi à l’accueil de plusieurs délégations étrangères à la ville de Paris.
Ainsi, Guillaume TINLOT réussit à mener une à deux missions par an depuis une dizaine d’années. Disponible pour des périodes courtes (3 à 5 jours), il est mobilisé par de multiples opérateurs (Expertise France, TAIEX, etc.).
Ces missions « court-terme » sont pour lui une vraie source d’enrichissement et de développement croisé de ses compétences.
Le fonctionnement sur place
Guillaume TINLOT construit petit à petit son réseau de contacts. Il est déjà positionné dans la base de données TAIEX (TAIEX est conçu pour apporter une assistance à court terme à l’administration publique, par le biais d’un mode unique d’interactions entre pairs. Les experts de TAIEX sont des volontaires des administrations publiques des États membres de l’UE, qui souhaitent partager leur expérience avec leurs homologues sur la manière d’appliquer le droit de l’UE). Sa présentation étant pertinente, il est contacté régulièrement pour des missions courtes.
Il est aussi en veille sur les réseaux sociaux comme LinkedIn sur lequel il suit les offres d’Expertise France et est abonné à certaines lettres d’information comme celle du VEETI.
Pour ces missions courtes, la préparation est parfois importante, avec de nombreuses informations sur le contexte qu’il faut assimiler pour préparer son intervention. Ou parfois elle est plus succincte. Dans tous les cas « on n’est pas là pour appliquer nos schémas. Il faut comprendre le contexte et notre valeur ajoutée ». L’interlocuteur premier est le chef de projet, le Team Leader, qui a plus ou moins de temps pour vous informer du contexte et qui maitrise plus ou moins la demande.
La force des territoriaux, dans ces rencontres avec leurs pairs, réside dans l’intelligence relationnelle qui va être mobilisée : « on écoute et on ajuste ». C’est la force de l’agent territorial qui va apporter dans la mission un gros volet d’opérationnalité : « il y a le cadre normatif et il y a la vraie vie. Notre apport en tant que territorial est de présenter comment on réagit face à l’aléa. C’est ici un vrai avantage pour les experts territoriaux ».
Les enjeux personnels
Pour Guillaume TINLOT, ces missions internationales sont une respiration dans son rythme professionnel. Il y voit une forme de « recharge » qui permet de se recentrer sur le sens de l’action et de l’engagement comme agent public. Ces missions sont aussi des sources d’inspiration constante. Ils lui ont permis de tisser des liens humains durables, de découvrir des cultures administratives variées et de revenir en France avec une énergie renouvelée et également avec des apports croisés qui contribuent au développement de ses compétences dans ses fonctions en France
En termes de gestion des ressources humaines, ces déplacements permettent de confronter ses pratiques à d’autres réalités qui interrogent ses schémas de pensées. Ces interactions sont sources d’innovation.
Enfin, ces rencontres à l’international, lors desquelles il explique ses missions mais aussi, où il aborde les notions de service public, sont pour lui vecteur de sens, de valeurs et de réassurance dans le sens du service public. Ces expériences, comme des bouffées d’oxygène, lui rappellent aussi pourquoi il a choisi de s’investir pour le service public.
Par exemple, lors d’une mission en Albanie, il a été amené à questionner certaines évidences. Si en France le périmètre du service public et les fondements institutionnels et organisationnels coulent de source, les questionnements d’un responsable financier sont importants : sur quelles missions produire des services publics ? Selon quelles modalités ? Quels sont les prérequis nécessaires, par exemple en termes de recensement de la population ou d’établissement d’un cadastre ou de bases fiscales solides. Ces questionnements ont ainsi été prégnants en Albanie, où la gouvernance financière locale doit nécessairement prendre en compte des dimensions, qui relèvent en France d’une logique toute autre et ne relèvent pas des mêmes termes.
Et le retour ?
Le dialogue avec les administrations employeur, lors de mobilisation ponctuelle sur des missions de court terme, est assez faible. Si la Ville déploie une action à l’international très importante, animée notamment par la Délégation Générale aux Relations Internationales (DGRI) ou via l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), la mobilisation des nombreuses compétences professionnelles internes pourrait sans doute encore être approfondie, par la mobilisation de compétences internes, particulièrement riches et variées dans le champ des collectivités territoriales.
Son conseil
Pour Guillaume TINLOT, la mobilité internationale doit être considérée comme un accélérateur de parcours. L’expérience internationale peut être un levier pour développer une compétence technique particulière : « je crois beaucoup aux croisements d’expériences ». Mais pour cela, il faut réfléchir à un accompagnement RH spécifique.
Par ailleurs, Guillaume TINLOT partage le constat que les métiers territoriaux sont peu connus des acteurs de l’international (bailleurs, de fond, Ministères, …). Il reste un vrai travail d’explication à mener.
Entretien réalisé par Yannick Lechevallier
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Juin 2025
