Guillaume PLACÉ


DisponibilitéRevenu.e dans une autre collectivitéPrivéDe deux ans à cinq ansCamerounKenya

Guillaume PLACÉ a 44 ans. Il est administrateur territorial depuis 2002 et actuellement en poste à la Communauté d’Agglomération de Cergy Pontoise (95), en tant que Directeur général adjoint « aménagement urbain et patrimoine bâti ».
Compagnon d’une universitaire africaniste, Guillaume PLACÉ est parti à plusieurs reprises en expatriation, au Cameroun et au Kenya notamment, en suivant les travaux de sa compagne et en saisissant à chaque fois une opportunité professionnelle.
Entretien réalisé en mai 2021

Guillaume PLACÉ a suivi la formation « administrateur territorial » à l’INET qu’il termine en 2002.

Il débute sa carrière à Rennes Métropole comme Directeur de la Prospective de l’Aménagement de l’Espace. Il restera à ce poste près de trois ans.

Sa compagne doit alors partir sur un poste de recherche au Cameroun.

A l’occasion d’une réunion professionnelle il déjeune en face de la DGA Relations Internationales de Nantes Métropole (ville en coopération décentralisée avec Dschang au Cameroun) qui recherche une personne pour mettre en place, sur le terrain, un projet lancé en 2004. Il saisit l’occasion et en précipitant un peu les choses, il sollicite dans un premier temps une disponibilité pour rapprochement de conjoint pour partir dès l’été 2005 puis à partir de janvier 2006, il sollicite un détachement auprès de l’IRCOD, ONG qui gère alors le projet pour le compte de Nantes Métropole.

Il mène à cette occasion, entre septembre 2005 et aout 2006, un projet de coopération décentralisée portant sur le renforcement des capacités de maîtrise d’ouvrage urbaine des villes du Cameroun.

À l’issue de cette expatriation au Cameroun, il s’installe en Guyane où sa compagne a été recrutée. Le détachement s’achève et il sollicite à nouveau une disponibilité pour rapprochement de conjoint. Sur place il pose une candidature auprès du Département de la Guyane où il sera recruté comme DGA du pôle « ressources et communication », qui comprend la gestion des ressources humaines (pour un effectif de 1400 agents), des systèmes d’information, des assemblées et de la communication départementale. Après quelques temps, il demande sa mutation auprès du Département au sein duquel il exerce de novembre 2006 à septembre 2009.

En 2009, Guillaume PLACÉ revient en métropole pour prendre le poste de DGS de la ville d’Anglet (64). Il y reste cinq ans, avant d’être déchargé de fonction suite à une alternance politique aux élections municipales de mars 2014.

Sa compagne candidate alors pour un poste au Kenya dans le réseau du MEAE (ministère de l’Europe et des Affaires étrangères). Ils partent en famille en septembre 2014.

Sa recherche d’emploi est d’abord infructueuse. Après quelques temps, il candidate pour le poste de Directeur de l’Alliance Française de Nairobi et passe un premier entretien, recommandé par le directeur sortant. Mais il se heurte au règlement du MEAE qui ne permet pas de voir un couple occuper deux postes sous statut d’expatriés. Il propose alors d’assurer les fonctions sous statut de contrat local mais cela est aussi refusé car « déclasserait » ce poste dans le réseau des Alliances.

Il réalise finalement une mission longue pour le Lycée Français et, en 2016, obtient d’être détaché auprès de cette institution comme responsable d’un projet de création d’un nouveau campus. Il y travaille deux années.

En mars 2018, retour en France comme DGS de la Ville de Trappes (78) avant de rejoindre l’Agglomération de Cergy-Pontoise en 2021, après une nouvelle alternance politique aux élections municipales de 2020.

Le fonctionnement sur place

À chaque fois « je suis parti comme conjoint » nous raconte Guillaume PLACÉ. En tant qu’universitaire africaniste, sa compagne connait de nombreuses personnes et la majorité des codes locaux.

Par ailleurs, au Kenya, elle bénéficie d’un statut d’expatriée du MEAE, avec une rémunération qui limite les enjeux financiers de trouver immédiatement une activité. Toute sa famille bénéficie aussi d’un passeport de service. Ils partent avec leurs deux enfants. Guillaume PLACÉ reste six mois sans trouver de travail : « cela m’a au moins permis de souffler après des années éreintantes comme DGS ». Il s’occupe alors de ses enfants en bas âge. « On accueille aussi beaucoup d’amis » qui profitent dans les six premiers mois de ce point de chute pour visiter un pays magnifique. Et il met à profit ce temps aussi pour prendre beaucoup de cours d’anglais.

À partir de 2015, ses missions puis un détachement auprès du Lycée Français lui permettent de « trouver une certaine légitimité » au Kenya.

Les missions que le couple alterne (quelques années en France puis quelques années à l’étranger), illustrent un équilibre trouvé par Guillaume PLACÉ et sa femme. Ainsi, régulièrement, « l’un part, l’autre suit ».

Les enjeux personnels

Côté matériel, au Cameroun, sa femme est en « post-doc » après sa thèse. Les conditions sont un peu spartiates. Ils sont hébergés dans une collocation avec d’autres chercheurs, au sein d’une résidence de l’IRD.

Pour le départ au Kenya, ils se débrouillent avec leur réseau de contacts pour louer une maison dans un lotissement sécurisé (« le MAE vous accompagne très bien financièrement mais n’apporte aucun appui pour l’installation »). Le choix est fait d’inscrire leurs enfants dans une école privée anglophone dans une volonté d’immersion.

Au plan des liens sociaux, au Cameroun, les rapports étaient assez fluides. Sans enfant alors, ils rencontrent des amis, locaux, français ou étrangers, assez simplement.

Au Kenya, et à Nairobi surtout – siège de plusieurs organisations internationales – la communauté internationale est très importante. Ils rencontrent ainsi d’autres expatriés notamment autour des activités scolaires ou d’activités bénévoles de solidarité internationale.

Guillaume PLACÉ reconnait que les questions de sécurité sont plus présentes à son esprit que lors de l’expérience camerounaise (notamment pour ses enfants).

Mais le changement de société est bénéfique : « En 2014, je quitte une France pessimiste et je trouve, au Kenya, un optimisme très fort dans une société où tout le monde est convaincu que demain sera meilleur ». Le pays a une culture très libérale, anglosaxonne. Et cela amène d’ailleurs à des tensions avec les référents en France sur divers projets, avec une administration française qui peine à comprendre les dynamiques qui traversent le pays.

Un petit détail qui finalement a une importance grandissante en France, a marqué Guillaume PLACÉ : au Kenya « l’école de mon fils est utilisée de 7h à 23h » avec de multiples activités organisées en dehors des temps scolaires. Ceci peut être vu avec un autre regard, notamment sur « l’intérêt écologique » d’un usage renforcé des bâtiments publics existants.

Et après ? Le Retour

Au retour, professionnellement, Guillaume PLACÉ n’a pas eu trop de difficulté pour retrouver un poste. Il n’est parti que quatre années et ne se sent pas réellement déconnecté. En étant mobile, en tant qu’administrateur territorial, il retrouve un marché assez ouvert « à condition d’abandonner l’idée d’une carrière linéaire, avec à chaque poste une progression ».

Mais l’obligation de trouver un poste avant son retour (« on ne pouvait pas rentrer sans que j’ai un poste car il déterminait le lieu d’installation de la famille ») lui impose quelques recherches six mois avant la date programmée du contrat de sa femme : entretiens par Zoom et voyage pour une rencontre de visu sont alors obligatoires (et doivent être budgétées).

Dans ses entretiens, il parle un peu de ces expériences. Mais il sent que les recruteurs ne comprennent pas très bien ce qu’il a fait à l’étranger. Cela les intrigue, mais il ressent une certaine bienveillance : « celui-là, il arrivera toujours à se débrouiller ».

Personne ne sait réellement ce que Guillaume PLACÉ a appris dans ses expatriations mais chaque interlocuteur perçoit que cela forge une expérience certaine de la complexité « c’est quelqu’un qui sait s’adapter à des contextes différents ».

Une des difficultés pour les recruteurs, d’après Guillaume PLACÉ, est qu’en France, il est assez simple de se renseigner sur les expériences d’un candidat et d’avoir un retour de ses anciens employeurs. Alors que lorsque la personne vient de l’étranger, il n’y a souvent pas de moyens de s’assurer de la valeur de l’expérience qu’elle y a vécu. Mais Guillaume PLACÉ reconnait aussi que, souvent, il rencontre des élus ou des DGS qui ont une certaine connaissance de l’expatriation et de l’apport positif d’une telle expérience.

Guillaume PLACÉ recommande de penser au retour très rapidement : « les réseaux se réduisent vite » et il est parfois délicat de garder certains contacts.

C’est sans doute au plan familial que le retour est plus Rock’n roll. Devant revenir en plein été 2018, il doit anticiper la rentrée scolaire pour ses enfants bilingues. Il cherche donc un établissement international. Mais la demande étant tellement forte, ses enfants doivent passer des tests pour être sélectionnés. Cela nécessite ainsi un aller et retour en avril (4 mois avant la rentrée) avec ses enfants pour que ceux-ci passent un examen, à 6 et 9 ans.

Pour Guillaume PLACÉ, revenir avec les enfants nécessite une logistique parfois pas simple et d’y consacrer beaucoup de temps.

Son conseil

Le premier conseil de Guillaume PLACÉ porte sur la famille : l’équilibre familial est important à maintenir. Ainsi, il faut que celui qui « suit », qui accompagne, puisse construire son « existence sociale » soit par des engagements humanitaires ou culturels, soit par une activité professionnelle (en fonction des possibilités offertes par les statuts).

Par ailleurs, en partant, il faut se départir de ses schémas de pensée, accepter de sortir des sentiers battus et se laisser entrainer.

L’expérience d’expatriation n’est aujourd’hui pas suffisamment valorisée. Pourtant, Guillaume PLACÉ nous raconte cette petite découverte en arrivant dans son nouveau poste à la ville nouvelle de Cergy Pontoise : « point commun de tous les pionniers qui ont construit Cergy Pontoise : ils avaient tous travaillé à un moment de leur carrière en Afrique ».

 

 

Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Mai 2021


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