Gautier ROUHET est Ingénieur « Génie civil et urbanisme », diplômé de l’INSA de Lyon (Institut National des Sciences appliquées). Au cours de sa formation, il part en Échange Erasmus au sein de l’École des Ponts et Chaussées de l’Université Polytechnique de Catalogne. Il rejoint par la suite l’ONG « Ingénieurs Sans Frontières – Catalogne » et réalise une mission à Yaoundé au Cameroun sur la création d’un Système d’Informations Géographiques (SIG) pour la ville.
Une fois son diplôme obtenu, il part en 2003 à Manille, aux Philippines pour Véolia en tant que VIE (Volontariat International en entreprise) pour 12 mois. Il y réalise plusieurs études de modélisation hydraulique et appuie la mise en place d’un SIG du réseau d’eau potable et d’assainissement de Pudong (Shanghai, Chine).
A son retour en 2004, il intègre l’agglomération du Grand Lyon, d’abord comme contractuel en tant que chef de projet au sein du service Espace public. Puis en 2005, Gautier ROUHET réussit le concours et devient Ingénieur territorial. Il rejoint le service de l’urbanisme opérationnel en tant que chef de projet. Il assure alors le pilotage de projets d’aménagement urbain de type ZAC – Zone d’aménagement Concertée – de projets de requalification de voirie (maîtrise d’ouvrage) ou de projets d’amélioration de l’habitat (maîtrise d’ouvrage).
Parallèlement, il garde un pied dans l’international en tant que bénévole puis président de l’ONG Villes en Transition qui met en place des projets de développement social et urbain au Vietnam, en Roumanie et à Cuba.
En 2009, il part en détachement à l’agence d’Urbanisme de Lyon sur un poste de chargé de missions internationales, que l’Agence réalise soit dans le cadre de la coopération décentralisée de Lyon, soit en tant qu’opérateur de projet. C’est alors une période faste de la coopération décentralisée lyonnaise et il participe à de multiples missions : études et assistance à maîtrise d’ouvrage en planification urbaine et planification des transports urbains à Rabat (Maroc), Alep (Syrie), Ouagadougou (Burkina Faso), Addis Abeba (Éthiopie), Curitiba (Brésil), Ho Chio Minh Ville et Can Tho (Vietnam).
Il reste à ce poste presque 4 années complètes.
En 2012, sa femme, néerlandaise, saisit une opportunité professionnelle pour partir à Copenhague (Danemark). Gautier ROUHET sollicite alors une demande de disponibilité pour rapprochement de conjoint. Il trouve en 2013 un poste au sein de la représentation danoise de l’entreprise française SYSTRA et participe notamment au projet de tramway d’Odense. Il y restera jusqu’en 2017.
Il n’y a pas encore de limite de 5 années en continu pour la durée des disponibilités.
Au cours de cette période danoise, il se rapproche de l’UNOPS : c’est une agence des Nations Unies, basée à Copenhague, qui réalise des programmes pour le compte de différentes organisations des Nations Unies, de bailleurs internationaux, voire directement auprès des gouvernements nationaux et locaux dans le monde entier. Il est inscrit aux alertes et passe même une sélection pour un vivier de chefs de projet.
En 2017, son projet au sein de SYSTRA se termine, et il saute le pas : il est recruté par l’UNOPS pour une mission d’Assistance technique à Curaçao, dans les Antilles néerlandaises.
Les enfants sont encore petits et sa femme néerlandaise pourra trouver des repères sur cette destination : ils partent pour une mission de 18 mois de novembre 2017 à mai 2019.
Le fonctionnement sur place
La mission pour l’UNOPS est très intéressante. Le fonctionnement de l’organisation est très professionnel, très rigoureux : cela fonctionne comme un bureau d’études international, très à cheval sur les coûts car l’UNOPS se finance sur les projets qu’elle réalise, sans recevoir aucune subvention de fonctionnement.
Professionnellement, notamment à l’UNOPS, mais aussi au Danemark, Gautier ROUHET pratique un mode d’organisation du travail « très à plat », avec une hiérarchie fluide. Dans le discours, il est face à des directeurs « qui se mettent à votre niveau », et qui sont très accessibles. C’est pour lui très différent du modèle français où « on vénère l’autorité ». Après l’UNOPS il lui semble avoir appris à désacraliser la fonction du directeur. Et il espère avoir conservé cela à son retour, avec ses équipes.
Localement, dans la relation avec les autres membres des équipes, il remarque sa chance d’être européen mais pas néerlandais (anciens colons). Certes la relation entre Curaçao et les Pays Bas est moins compliquée que pour la France avec ses Colonies mais cela reste complexe. Il est important cependant d’échanger le plus possible avec les gens sur place pour identifier les limites pour « un blanc occidental ».
Les enjeux personnels
Au cours de son expatriation au Danemark, il reste assez en retrait : pas de réel effort pour apprendre la langue locale (le travail est réalisé en anglais), et ses enfants sont inscrits à l’école française.
A Curaçao, grâce à son épouse, qui est néerlandaise, l’intégration est plus simple. Mais Gautier ROUHET est bien conscient qu’ils sont restés, dans ce pays, au sein d’une certaine classe de population.
Après 18 mois, la question se pose de savoir s’il continue et enchaîne sur une autre mission de l’UNOPS ou si la famille rentre en Europe ? Au final, le choix est fait de revenir en France pour envisager l’entrée au collège de ses enfants.
Gautier ROUHET contacte alors de Sytral, le Syndicat des Transports de l’Agglomération Lyonnaise. Un recrutement est en cours et il rejoint une petite équipe souple et agile pour un poste de Directeur adjoint pour le développement du réseau de transports. Son dernier poste à l’UNOPS n’a pas joué un rôle majeur alors : c’est surtout l’expérience SYSTRA au Danemark qui intéresse son recruteur.
Et après ? Le Retour
Comme il était Ingénieur territorial, rattaché à l’agglomération lyonnaise, cela a favorisé son recrutement au SYTRAL. Mais il a fallu jongler avec les statuts : dans un premier temps, il a dû demander une fin de disponibilité par anticipation (qui n’est pas obligatoirement accordée) puis une mutation pour rejoindre son nouveau poste.
Mais depuis la loi de 2016, la prise en compte de l’ancienneté est plus délicate et après recalcul, le SYTRAL lui propose un salaire moins élevé que celui initialement prévu. Pas très simple pour gérer sa réinstallation : « je suis parti 7 ans et j’ai récupéré 9 mois d’ancienneté ». Il a fallu tirer sur les réserves pour la réinstallation, durant un an. D’autant plus que sa femme ne retrouve un travail qu’après 8 mois en France.
Cette réinstallation est une épreuve. « c’est un dur moment car il y a beaucoup de choses à gérer entre les attentes du nouveau poste, et l’adaptation de la famille à un nouvel environnement, d’autant que revenant en France, l’entourage professionnel ou personnel n’a pas forcément conscience qu’un décalage parfois important existe entre mon vécu/ma situation et la leur. J’ai eu de la chance que mon épouse puisse gérer la réadaptation ».
Pour éviter trop de stress pour la famille, Gautier ROUHET rentre en premier en France. Il prend son poste puis sa famille l’a rejoint 3 mois plus tard.
Son conseil
Pour Gautier ROUHET, partir travailler à l’étranger doit d’abord être un projet personnel et/ou familial.
Pour lui, la plupart des gens qui souhaitent vivre ce genre d’expériences sont curieux et possèdent la flexibilité nécessaire.
La difficulté (qui peut s’expliquer par notre système éducatif) est de comprendre qu’on n’arrive pas en terrain conquis. Et notamment dans les Pays en Voie de Développement, dans les postes d’Assistants techniques, où il faut vraiment gagner sa place.
Mais il faut aussi savoir que l’expatriation n’est pas comprise ou connue dans les administrations. Dans le monde des collectivités territoriales, il n’existe pas de suivi de carrière sur ce type de parcours : c’est chacun pour soi et il n’y a très peu, voire aucune valorisation de ces expériences « si enrichissantes ».
Il reste encore une importante amélioration possible.
Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER
https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/
Mai 2020