Frédéric TIBERTI est diplômé de l’Université de Rouen où il a suivi un Master « Responsable de Projets Culturels »
Son parcours de formation s’est déroulé en plusieurs étapes. Il a d’abord suivi une formation courte (DUT Carrières sociales et un Diplôme d’État Relatif aux Fonctions d’Animation) avant de travailler pendant 7 années.
De 2000 à 2005, il est « Responsable des temps forts et des actions coordonnées » au sein de l’Association de Coordination Yonnaise des Associations de Quartiers à La Roche-sur-Yon (85)
Après cette expérience professionnelle, il a souhaité reprendre ses études universitaires.
Très jeune, il est intéressé par l’Afrique (stage de 2 mois au Sénégal, en IUT) et s’engage au sein du comité de jumelage de Saint-Herblain sur un projet de coopération avec la communauté rurale où il a fait son stage.
En 2005, il intègre la Mairie de Moissy-Cramayel en tant que Directeur « culture, sports et relations internationales » où il assure notamment le suivi des projets de coopération décentralisée avec la Mauritanie (coopération technique) et la Roumanie (Coopération culturelle et linguistique)
Il passe le concours et devient attaché territorial en 2007.
Il rejoint alors pour presque 7 années la Mairie de Pontault-Combault où il assure dans un premier temps les fonctions de Directeur « culture, sports, jeunesse et citoyenneté » de février 2007 à septembre 2009 puis il prend le poste de Directeur des affaires culturelles jusqu’en décembre 2013 et ouvrira le nouveau Centre culturel « Les Passerelles » dont il assure la programmation pendant 5 saisons.
Il quitte la métropole en décembre 2013 dans le cadre d’un détachement, pour la Préfecture de Mayotte, où, pour le compte du Ministère de la Culture et de la Communication, il assure une activité de Conseiller Culturel, durant un an et dix mois.
En septembre 2015, il prend le poste de Directeur de l’Alliance française de Dar es Salaam, par une disponibilité au sein du réseau du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. La mission durera quatre années.
A son retour, il intègre un poste de Directeur des services à la population à la mairie d’Aubigny-les-Clouzeaux (85).
Le départ
Le choix du départ est d’abord une volonté de faire une pause dans son parcours en collectivité territoriale pour découvrir de nouvelles problématiques professionnelles. C’est aussi un projet familial pour se confronter et s’ouvrir à de nouvelles cultures.
Frédéric TIBERTI souhaite cette expatriation depuis longtemps. Il souhaite alors partir uniquement avec le MEAE, sur des postes culturels. Durant cinq années il postule pour différents postes. Il a quelques entretiens mais se rend compte que les candidats sont très nombreux et que cela reste compliqué. Il avait notamment postulé sans succès pour un poste d’attaché culturel à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Il va alors postuler, en détachement, pour un poste à Mayotte, dans l’idée d’enrichir son CV.
Après une année, il recommence à postuler sur les postes du MEAE. Et avec son expérience, en 2015, le Ministère lui propose l’Alliance Française en Tanzanie (alors que ce n’est pas le poste sur lequel il vient de postuler).
Son expérience associative, en plus de l’expérience à Mayotte, a, d’après lui, joué en sa faveur pour un poste au sein de l’Alliance Française -une structure qui a un fonctionnement associatif mais aussi une tutelle publique.
Le départ s’est très bien passé. Pour Frédéric TIBERTI, le cadre de mission proposé par le MEAE est très bien formalisé.
Le fonctionnement sur place
S’il souhaite travailler sur l’organisation d’évènement culturels, il prend rapidement conscience que le poste de responsable de l’Alliance Française en Tanzanie est plus étendu : il gère un établissement qui dispense des cours de FLE avant tout. Il doit négocier avec les partenaires, les prestataires, assurer le marketing de l’établissement, etc.
Cela nécessite (et développe) les capacités d’adaptation et de réactivité. La fonction est même un peu « rock N’ roll » parfois.
Mais c’est sans doute aussi l’atout des territoriaux dont la culture professionnelle diffère de la culture des fonctionnaires étatiques en cela qu’en collectivité, vous êtes proche du terrain, en contact avec les multiples intervenants, avec « les pieds sur terre ».
Cette adaptabilité est aussi appelée à jouer un rôle important pour pouvoir relier les discours et les missions qui sont confiées en termes d’influence culturelle et les moyens qu’il trouve à sa disposition…
Il faut prendre en compte aussi les multiples contraintes de fonctionnement que peu rencontrer l’expatrié, notamment vis-à-vis des infrastructures disponibles, des usages possibles d’internet, des coupures d’électricité, des difficultés engendrées par la saison des pluies …
Au plan familial, sa femme a pu assurer son activité de professeur et d’intervenante à distance (via Internet) ce qui a facilité cette expérience de mobilité.
Les enjeux personnels
L’expérience a été très riche au plan personnel.
Mais au retour, les administrations locales n’ont aucune idée de l’environnement dans lequel Frédéric TIBERTI a évolué et quelles compétences (managériales, professionnelles, …) il a pu développer.
Ainsi, pour lui, la principale qualité développée est l’adaptation tant vis-à-vis des contraintes de terrains (peu de moyens) que des interlocuteurs. Il est nécessaire d’être souple.
Au plan financier, l’indemnité est conséquente et permet d’avoir des conditions de vie agréable. Attention toutefois à ne pas trop être déconnecté de la culture locale quand le projet de départ consiste à s’ouvrir aux autres, il a un risque fort à s’enfermer dans la communauté expatriée du pays et de la ville d’accueil.
Et après ?
Le MEAE qui a été très présent au départ est totalement absent en termes d’appui au retour.
Si le départ et la mission s’est fort bien passée (voir témoignage https://www.linkedin.com/pulse/fin-dune-belle-aventure-professionnelle-et-humaine-fr%C3%A9d%C3%A9ric-tiberti/ ) le retour a été très difficile et conflictuel. En effet, alors qu’il demande sa réintégration, sa collectivité d’origine tarde à lui répondre et un mois avant son retour il est placé « en surnombre » ce qui induit pour lui un maintien de salaire sur une base indiciaire. C’est toutefois une situation « confortable » pour chercher un emploi mais instable quant au lieu d’installation familiale et la projection sur la vie à reconstruire en France (scolarité des enfants).
Il reçoit un courrier électronique, la veille de sa réintégration (collectivité de départ) lui indiquant qu’il doit rentrer dans sa collectivité de référence le lundi 1er septembre à 500 kilomètres de là où la famille va se réinstaller.
Puisque, parallèlement à ces démarches, il se met en recherche d’une nouvelle collectivité, plutôt à nouveau en Pays de la Loire. Mais la recherche d’un poste depuis la Tanzanie, à 10 000 km, n’apparait pas simple. Il réactive ses réseaux et accepte, dans un premier temps, un poste qui lui permet d’attendre le mercato des directeurs culturels qui se profile à l’horizon des élections municipales de mars 2020.
Il profite également, à son retour, d’un réseau militant et professionnel entretenu qui lui permet d’être sollicité pour assurer la direction de campagne d’un maire sortant d’une commune de 47 000 habitants, pour les élections municipales.
Son conseil
L’expatriation est une parenthèse dans la carrière du territorial. Les profils recherchés sont assez rigides et l’expatriation n’est d’aucun intérêt dans la recherche de poste au retour : difficile de s’en prévaloir pour une évolution de carrière.
Par ailleurs, sur la vie d’expatrié, beaucoup partent pour la découverte avec des schémas parfois trop rigides. Cela ne peut pas fonctionner tant il est nécessaire d’être confronté aux spécificités du pays d’accueil pour y construire les conditions de son installation professionnelle et familiale.
Il faut être au clair sur ses motivations et sur ses capacités d’adaptation car la différence entre la pratique professionnelle en France et les conditions locales peut être radicale et très difficile à supporter.
Quant au réseau culturel français à l’étranger, il faut tenir compte des évolutions qu’il a subi ces dernières années pour mesurer l’évolution des postes. Aujourd’hui, les établissements ont perdu beaucoup de moyens humains et financiers, autrefois accordés par la France. Les directeurs doivent, avant tout, assurer le développement de programmes de cours qui permettent à l’activité culturelle de subsister.
Enfin, il faut connecter le projet familial en cohérence avec le projet professionnel car sinon, les difficultés quotidiennes peuvent compliquer très fortement l’expérience d’expatriation.
Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER
https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/
Février 2020