Fanny FOURMAUX


DisponibilitéRevenu.e dans sa collectivitéDe un an à moins de deux ansPrivéChine

Fanny FOURMAUX a 39 ans. Elle est attachée principale depuis 2017 et travaille actuellement au SDIS 59 comme chargée de mission Finances/RH. Elle est partie durant 13 mois à Shanghai, en Chine, en famille dans le cadre d’une expatriation professionnelle de son mari.
Entretien réalisé en juin 2021

Fanny FOURMAUX a obtenu un Master en Management territorial à l’IAE de Lille en 2005.

Elle débute sa carrière au sein de la Mairie de Lens où elle occupe la fonction d’adjointe au Directeur des finances de 2006 à 2009.

En 2009, elle rejoint le SDIS 59 pour prendre en charge le service « budget et gestion financière ».

En 2017, elle passe le concours d’attachée principale qu’elle obtient juste avant de partir en Chine.

Fanny FOURMAUX est déjà ouverte aux cultures du monde : elle parle anglais, espagnol et serbo-croate. Et elle réalise avec son mari de nombreux voyages, notamment en Asie. Ce dernier, cadre dans une grande enseigne de la distribution, se voit proposer une expatriation en février 2017 : une mission prévue pour quatre ans. La famille, avec deux enfants en bas âge, prend rapidement sa décision et le départ s’effectue en juillet 2017, direction Shanghai.

Après quelques mois d’adaptation, Fanny FOURMAUX rejoint une petite entreprise française basée en Chine : Expatrimo en mai 2018. Elle y reste 13 mois.

Tout fonctionne bien. Toutefois, suite à une restructuration, l’entreprise de Monsieur rapatrie ses cadres et en mai 2019, retour en France pour toute la famille.

Sollicitation sa réintégration, Fanny FOURMAUX se voit proposer deux possibilités de postes au sein du SDIS 59. Elle intègre finalement le service Ressources Humaines en septembre 2019.

Le fonctionnement sur place

L’opportunité de mobilité internationale vers la Chine est proposée au couple en février 2017. Ils connaissent l’Asie par leurs voyages et apprécient ce continent. Ils acceptent immédiatement

L’entreprise de Monsieur, un grand groupe de distribution, propose alors une semaine de visite en Chine comme voyage de reconnaissante (« tous frais payés ») : organisation du vol et des visites, diner avec des expatriés, visite des écoles, … et en trois jours, grâce au service d’une entreprise de « relocation » qui s’occupe des cadres de l’entreprise, le couple identifie les possibilités d’hébergement et l’ensemble des opportunités : « On est parti dans des conditions exceptionnelles ».

Fanny FOURMAUX avertit alors sa collectivité et sollicite dans un premier temps une disponibilité de droit d’un an pour suivre son conjoint à l’étranger. Et toute la famille part en juillet 2017.

Elle identifie en septembre 2017 un poste en Finances au consulat de France mais n’obtient pas ce poste car n’est pas issue de la Fonction Publique d’État.

De toute manière, l’arrivée en Chine, malgré l’accompagnement de la société de relocation est suffisamment complexe pour que Fanny FOURMAUX ne s’ennuie pas : son mari suit 15 heures de cours de chinois intensif en plus de son activité professionnelle chaque semaine et elle s’occupe donc de l’accompagnement de ses enfants (alors de 7 et 9 ans) : acclimatation à un nouvel environnement et cours au lycée Français de Shanghai…

Dans un premier temps Fanny FOURMAUX côtoie essentiellement des compatriotes dans les « groupes d’épouses d’expatriés » ce qui ne la satisfait pas. Le souhait de travailler est présent dès le début. Fanny FOURMAUX se renseigne. Elle apprend tout d’abord qu’il est obligatoire, pour obtenir un contrat de travail en Chine, d’avoir un diplôme de Bac+3. puis elle se rapproche de réseaux tels que la Ruche (https://expatvalue.com/reseaux/reseaux-pro-a-travers-le-monde/la-ruche-shanghai-chine/)qui mettent en contact des femmes francophones résidant à Shanghai et souhaitant travailler.

Par l’intermédiaire d’une amie, elle rencontre le responsable d’Expatimo en mai 2018, une petite structure de 5 salariés, active en Chine auprès d’expatriés francophones. Elle est embauchée et découvre alors l’activité dans une petite structure très agile, où la décision est rapide, avec un management souple, axé sur les résultats.

La seule difficulté rencontrée alors est surtout administrative : elle est recrutée dans le cadre d’un contrat local chinois et plusieurs mois sont nécessaires pour pouvoir récupérer tous les papiers demandés, les faire traduire, passer une visite médicale poussée, etc. « c’est un peu les douze travaux d’Astérix ».

Les enjeux personnels

En 2017, lorsque Fanny FOURMAUX annonce à ses collègues et son entourage son projet de départ, il n’y a pas réellement de réactions pour ou contre. Simplement, elle côtoie toute une palette de commentaires sur la situation en Chine : depuis la réaction négative (« en Chine, c’est tellement pollué, tellement sale ») à l’admiration « c’est incroyable mais personne ne se sentait capable de partir de la même manière », « c’est fou ce que vous êtes forte »…

Au plan administratif, la gestionnaire RH conseille à Fanny FOURMAUX de ne pas solliciter une disponibilité trop longue (pour la totalité du contrat initial de son mari soit 4 ans) mais plutôt des disponibilités d’un an qu’elle doit renouveler. Elle sollicite donc une première disponibilité en septembre 2017 puis un renouvellement en septembre 2018. Elle remercie sa gestionnaire pour ce bon conseil car, avec le revirement de l’entreprise de son mari, il lui suffit de notifier à sa collectivité qu’elle ne sollicite pas de renouvellement pour réintégrer le SDIS 59 en septembre 2019.

Ensuite, sur place, les réunions avec les « femmes d’expats » font comprendre à Fanny FOURMAUX les risques de sa situation « j’ai rencontré des femmes pour qui l’abandon de leur travail en France et l’impossibilité de travailler en Chine a été très compliqué ». Elle se rend compte qu’il ne faut surtout pas rester isolée : « tous les gens que vous rencontrez sont importants ». Elle saisit l’opportunité d’une première rencontre avec une femme qui alors travaille en Chine pour solliciter un accompagnement : « elle m’a ouvert à d’autres opportunités ».

« Il ne faut pas être trop timide » nous recommande Fanny FOURMAUX.

Au plan personnel, Fanny FOURMAUX n’a jamais ressenti le moindre risque. « Les Chinois adorent les français – le romantisme ».

La seule chose qui a peut-être marqué à la famille est la grande différence dans les pratiques culinaires et la difficulté à avoir, ponctuellement, de la nourriture occidentale.

Et après ? Le Retour

Fanny FOURMAUX a sollicité différents entretiens pour trouver un autre poste à son retour. Mais en période de Covid, en venant de l’étranger, c’est très difficile de changer d’employeur. Et cette expérience internationale n’est alors pas un atout : « on est des extra-terrestres ». A plusieurs reprises on mentionne pour parler de cette expatriation en Chine « 2 ans de vacances » plutôt que de la questionner sur les apprentissages potentiels.

Son ouverture à l’international ne se retrouve pas dans les collectivités « la première fois que j’ai présenté mon CV à une collectivité, on m’a demandé pourquoi j’avais inscrit que je parlais le serbo-croate ! ».

Fanny FOURMAUX se considère comme pouvant s’adapter aisément à de nouveaux postes : « j’ai eu l’habitude des déménagements » et son expérience dans une société privée de petite taille lui a permis de développer ces capacités et différentes compétences (« soft skills ») comme l’intelligence relationnelle, ses capacités de communication,… Mais cela n’est que peu valorisable dans une collectivité : « au début de la pandémie Covid, le management a été difficile à faire évoluer pour développer le travail à distance »

En Chine « on ose ». L’expatriation « crée chez nous un sentiment de plus de liberté » et le retour dans le carcan hiérarchique de la majorité des collectivités « c’est un peu frustrant ». Toutefois, le poste proposé à son retour est assez divers « on me donne de multiples missions assez variées : je suis un peu le couteau suisse ».

Fanny FOURMAUX, juste avant de partir, avait commencé une réflexion sur son projet professionnelle. En revenant elle entame un bilan de compétences qui fait ressortir ses capacités à l’agilité, à l’adaptation sur de multiples projets. A son retour, une fois « atterrie », Fanny FOURMAUX envisage d’évoluer vers des structures privées qui agissent avec le public (dans le domaine de l’Économie Sociale et Solidaire par exemple) pour retrouver ce dynamisme qu’elle pu vivre dans cette dernière expérience.

Son conseil

Pour Fanny FOURMAUX, le premier conseil pour une expatriation réussie est de se mettre d’accord au sein du couple : « il faut vraiment être raccord avec sa moitié », notamment si l’un des deux quitte son travail à l’occasion d’un départ. Il faut aussi prendre conscience que, dans le départ d’une famille (et aussi pour le retour), une des deux personnes du couple soit s’occuper de l’installation (ou de la réinstallation) de toute la famille et notamment des enfants : cela nécessite souvent deux ou trois mois.

La rencontre interculturelle doit être une découverte : il ne faut pas être dans le jugement ou dans la comparaison mais dans l’accueil de cette différence et se laisser se fondre dans la culture locale. Pour cela, Fanny FOURMAUX recommande de se promener et voyager pour découvrir la vie des gens.

Enfin « ne pas hésiter à saisir les opportunités quand elles se présentent ».

 

 

Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Juin 2021


> Contacter sur LinkedIn