Eric IDELMAN


Réseau France (MEAE, Alliance française, Expertise France, …)DisponibilitéRevenu.e dans sa collectivitéDe un an à moins de deux ansMali

Eric Idelman a 47 ans, est marié et père de deux enfants encore scolarisés.
Il a menée plusieurs missions à l’étranger et spécialement au Mali. Sa dernière mission a été un contrat de 18+2 mois entre novembre 2018 et juin 2020, en tant qu’Expert Technique International (ETI) pour le compte d’Expertise France et de l’Agence Française de Développement sur le projet AMAPAR, basé à Bamako au Mali.
Depuis juillet 2020, il a réintégré sa collectivité d’attache, la Communauté d’Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges où il est « chargé des Instances ».

Eric Idelman a 47 ans, est marié et père de deux enfants encore scolarisés.

Il a menée plusieurs missions à l’étranger et spécialement au Mali. Sa dernière mission a été un contrat de 18+2 mois entre novembre 2018 et juin 2020, en tant qu’Expert Technique International (ETI) pour le compte d’Expertise France et de l’Agence Française de Développement sur le projet AMAPAR, basé à Bamako au Mali.

Depuis juillet 2020, il a réintégré sa collectivité d’attache, la Communauté d’Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges où il est « chargé des Instances ».

Le parcours

En 2018, Eric IDELMAN retrouve le Mali après 14 ans. Il y avait séjourné d’abord en tant que volontaire international de 1999 à 2001 (au sein de l’Association Française des Volontaires du Progrès, AFVP devenue France Volontaires) puis en tant qu’assistant technique de la coopération allemande durant trois ans, de 2001 à 2004.

Ce fort intérêt pour le Mali s’est concrétisé pour Eric IDELMAN par une thèse de doctorat sur la décentralisation : « Le transfert des compétences en gestion des ressources naturelles aux communes rurales de la région de Kita (MALI) : d’un encadrement étatique intégré à des logiques d’acteurs locaux »( https://www.theses.fr/130573507) soutenue à Paris en 2008.

Après cette expérience africaine, retour en France en 2006 : il signe un bref contrat au sein du Conseil régional de Lorraine sur les questions de coopération décentralisée et d’aide au développement puis il s’installe dans les Vosges où il prend la Direction Générale des Services d’une communauté de communes pour une période de 10 années.

Peu après la fusion de plusieurs communautés de communes (dont celle dans laquelle il travaillait) en une unique communauté d’agglomération, Eric IDELMAN saisit l’opportunité du remaniement des organigrammes pour postuler à une mission d’ETI. Il réfléchissait depuis quelques temps à une évolution en ce sens, sans doute pas aussi rapidement. L’offre d’emploi d’Expertise France étant très proche de son sujet de recherche et dans le même pays il n’a pas hésité et a proposé sa candidature… d’autant que les émoluments touchés en tant qu’expert expatrié sont réellement intéressants et peuvent peser dans la décision de départ.

Il a donc signé un contrat de 18 mois (qui s’est élargi a 20 mois) sur le projet AMAPAR : financé par l’Agence Française de Développement et mis en œuvre par Expertise France, le projet AMAPAR (Appui à la Mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation inter-malien) était placé sous la maîtrise d’ouvrage du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATD) et mis en œuvre par la Direction Générale des Collectivités Territoriales (DGCT) au sein de laquelle il était  basé, à Bamako. Outre une activité d’appui-conseil à la DGCT (et au MATD) dans ses activités quotidiennes et ses sujets d’actualité (réorganisation territoriale, transfert aux collectivités territoriales des services techniques déconcentrés, police territoriale, …), Eric IDELMAN a élaboré, au sein de l’équipe de la DGCT, un programme de formations à destination des agents et élus des collectivités, mais aussi des agents de l’État ; programme dont il a préparé et assuré la mise en œuvre.

https://www.linkedin.com/pulse/mission-long-terme-au-mali-eric-idelman/

Le départ

Eric IDELMAN n’avait pas vraiment anticipé un départ en expatriation. Il a plutôt saisi une opportunité. A choisir, il l’aurait fait un peu plus tard, une fois que son deuxième enfant aurait été autonome. En effet, un départ dans ces conditions implique nécessairement un déchirement familial à assumer : le couple laisse un fils en France pour ses études (séparant la fratrie), des parents âgés, …, et c’est certainement ce qui est le plus difficile, et qui peut aussi dissuader certains candidats au départ. Pour Eric IDELMAN, idéalement, il aurait été plus approprié d’effectuer un tel changement professionnel vers 50 ans.

Le départ n’a toutefois pas été si rapide que cela et c’est un point à bien avoir à l’esprit pour les nouveaux candidats. En effet, lorsque vous entamez les discussions avec le bureau d’étude (ici Expertise France), ce dernier répond à un appel d’offres qui est toujours en cours de négociation d’une part avec le bailleur de fonds mais aussi avec l’administration et le pays qui va bénéficier du projet (ici, le gouvernement malien). C’est une période qui peut être quelque peu difficile pour la famille car on reste dans une incertitude : on nous dit qu’on est retenu pour le poste mais le contrat n’est pas signé : rien n’est sûr et surtout pas la date de départ. Il faut justement attendre d’avoir signé son contrat d’expatriation (avec Expertise France) avant d’ouvrir la discussion avec sa collectivité et solliciter un détachement[1]. Si celui-ci ne peut que très rarement être refusé, en revanche, la collectivité dispose d’un délai maximum de trois mois pour libérer l’agent.

Dans le cas d’Éric IDELMAN, le souhait d’expatriation a rencontré les contraintes financières de la nouvelle communauté d’agglomération, pesant sur sa politique RH, ce qui a permis un départ avant la fin du préavis. En effet, il a pu partir au bout de deux mois après le dépôt de sa demande, temps nécessaire notamment pour obtenir l’aval de la commission administrative paritaire (CAP) qui doit formuler un avis sur la demande de l’agent au regard des « besoins de services ». La collectivité peut alors prendre un arrêté plaçant l’agent en détachement pour la durée du contrat proposé à l’agent par l’organisme d’accueil.

Le fonctionnement sur place

Eric IDELMAN a intégré la Direction du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATD) en charge de mette en ouvre la politique de décentralisation : la Direction Générale des Collectivités Territoriales. Le temps d’adaptation a été très réduit car la thématique était parfaitement connue. Pour lui « c’est pareil : tous les matins, je vais au bureau et je travaille en équipe ».

Mais la situation de l’expert international peut être ambivalente : ainsi dans ce projet, au-delà d’une présence au sein de l’équipe malienne du projet (avec qui il faut agir), l’expert rend des comptes directement au chargé du projet au sein d’Expertise France. Il peut parfois être aussi en lien direct avec le bailleur de fonds qui souhaite suivre au plus près la mise en œuvre ; même si, pour ce projet, les liens forts entre l’AFD et Expertise France impliquent une relation moindre entre l’expert et l’AFD.

La compréhension de ce jeu d’acteurs et de qui l’expert dépend pour telle ou telle décision ou action est important et peut entrainer une certaine tension dans la prise en charge de ses fonctions.

Surtout, il faut bien accepter, pour une expatriation « de coopération » dans un pays en développement, que l’environnement technique, administratif, ne sera pas le même qu’en France, surtout pour un expert qui occupe des fonctions de direction, potentiellement habitué à un certain contexte technique et administratif.

Au Mali, Eric IDELMAN doit adapter son travail aux péripéties quotidiennes : délestages qui entrainent coupures d’électricité et donc arrêt de la climatisation, des ordinateurs, … ; un accès à Internet qui n’est pas le super haut débit de la collectivité en France ; mais aussi des fonctionnements administratifs qui peuvent parfois allonger considérablement des délais, qui ne sont pas habituels en France et qui doivent être acceptés…

Ces contingences peuvent, pour des personnes qui n’ont aucune ou peu d’expérience préalable en Afrique, poser des soucis… Eric IDELMAN, pour sa part, retrouve un environnement déjà côtoyé 14 ans auparavant.

C’est aussi, selon lui, un des points qui a pu intéresser Expertise France dans son CV pour le recrutement, au-delà de sa connaissance de la décentralisation malienne …

Les enjeux personnels

Tous les agents partis en expatriation notent que l’intérêt financier n’est pas négligeable dans leur décision de partir : outre le salaire qui est largement augmenté par la prime d’expatriation, les autres avantages : loyer de la maison remboursé, voirture de fonction, …, il faut noter que l’agent est domicilié hors de France pour son impôt sur le revenu, et pour le Mali, l’impôt est très limité.

Mais pour Eric IDELMAN, marié à une femme qui a la double nationalité malienne et française, c’est aussi la possibilité de vivre, en famille, au sein d’une autre culture, d’avoir une rencontre avec d’autres personnes. Il est donc parti avec sa femme et un de ses enfants et c’est ainsi qu’il explique « ne pas être trop dans le milieu « expat » » et apprécier la vie au Mali.

Malgré tout, l’arrivée reste une petite aventure car l’expatrié est autonome, tant dans sa recherche de logement, qui pour la scolarisation des enfants, etc… il n’y a pas d’accompagnement formalisé pour trouver un logement, scolariser les enfants, etc… « c’est à nous de faire les demandes » même si tout cela est ensuite remboursé par l’employeur. Ainsi, si Expertise France conseille d’avoir une maison avec gardien, même si cela n’est qu’une recommandation et nullement une obligation.

Sur le plan sécuritaire, il faut toutefois avoir conscience que vivre au Sahel implique de vivre au quotidien en prenant certaines précautions, en étant vigilant, sans vivre dans la psychose. D’abord en dehors de Bamako, la majorité du territoire est classé zone rouge par le MEAE. Étant en poste sous la responsabilité d’Expertise France, un ordre de mission est obligatoirement demandé pour sortir de la ville (notamment pour certaines formations). Concrètement, sur le plan professionnel, il n’a pas pu sortir de Bamako pendant sa mission.

Tout ceci, et de nombreuses autres procédures et informations, sont transmises lors d’un stage « sécurité » d’une semaine qui a été proposé à Eric IDELMAN et à d’autres expatriés. Il reconnaît, malgré sa connaissance préalable du Mali, que ce stage a été très intéressant, notamment pour préparer ses réactions en cas d’intrusion, d’agression mais aussi dans les comportements à adopter dans la vie de tous les jours.

Personnellement, il évitait de sortir le soir pour ne pas être confronté aux bandes et à la petite délinquance (danger écarté en journée). Par ailleurs, du fait du contexte politique (présence militaire française au Mali), des manifestations pour le départ des militaires français étaient régulières et il fallait alors faire attention à ne pas y être pris à parti. Pour tout cela, Eric IDELMAN reconnaît l’importance de l’action et de l’information diffusée à la communauté française résidente, par l’Ambassade ou le consulat.

Le retour

L’intérêt d’une procédure de détachement pour les fonctionnaires territoriaux se situe dans le « filet de sécurité » qui, au retour, permet normalement à chacun de retrouver si ce n’est un emploi, du moins une rémunération.

Dans son cas, Eric IDELMAN savait qu’il ne serait pas remplacé car il est parti au moment où la réorganisation de l’agglomération était encore en cours. Ce qui signifie que, même s’il a l’assurance d’avoir un salaire au retour, il n’y a aucune connaissance des postes potentiels qu’il pourrait retrouver …

Ainsi la première option envisagée a été de repartir sur de nouveaux contrats (plusieurs agents territoriaux recrutés par Expertise France n’ont pas réintégré leur collectivité et renouvellent les contrats sur d’autres projets). Mais la date de fin de contrat était en juin 2020, c’est-à-dire en pleine pandémie COVID. La famille décide de rentrer principalement pour des raisons sanitaires et parce que le contexte politique et institutionnel se dégradait rapidement au Mali (un coup d’Etat est intervenu quelques semaines après son retour).

Eric IDELMAN devait réintégrer sa collectivité le 1er juillet 2020. Il prévient donc sa DGS avec qui il fixe un entretien par visioconférence quelques semaines avant son retour. Deux postes lui sont alors proposés. Il accepte le poste de « chargé des instances ». Mais en pleine pandémie, difficile de rentrer car les avions sont cloués au sol et les frontières fermées. Eric IDELMAN réussira à revenir finalement la dernière semaine de juin, juste avant sa reprise de poste. Ancré sur le territoire par sa famille, il ne cherche pas d’autres collectivités.

Il prend ses fonctions à la communauté d’agglomération à la date prévue. Personne ne l’interroge spécifiquement sur son expérience (la collectivité n’a pas de relations internationales) et les Ressources humaines semblent indifférentes à son parcours particulier. Toutefois, géographe de formation, il dialogue avec son nouveau DGS « je m’attendais en fait à plus de difficultés l’accueil du DGS a été bienveillant sur mon parcours ». Quelques mois plus tard, en octobre 2022, lors du Festival International de Géographie de Saint-Diè-des-Vosges. il propose une conférence-débat  sur le sujet de la gouvernance des territoires au Nord-Mali.

Si ce nouveau poste n’a rien à voir avec l’international, Eric IDELMAN mobilise pourtant les compétences de concertation et de dialogue qu’il a développées : « à l’étranger, on doit s’adapter à une multitude d’interlocuteurs » ce qu’il retrouve dans ce poste où il discute avec toutes les directeurs sectoriels et les communes de la Communauté d’agglomération. Par ailleurs « au Mali spécifiquement, le relationnel est très important ». Ainsi, son expérience renforce l’attention aux autres : « mes collègues m’ont dit que j’étais le seul à dire Bonjour systématiquement. Mais au Mali le contraire serait inconcevable ! ».

Pour l’instant Eric IDELMAN ne pense pas repartir. Les enfants sont encore scolarisés et la situation de ses parents âgés requièrent sa présence en France. Mais il sait que son expertise est recherchée – « à son retour, on lui a proposé des expatriations sur des projets décentralisation au Maroc, au Burkina-Faso, … C’était un crève-cœur de refuser ».

Son conseil

Il faut être très ouvert, perméable, curieux de comprendre comment fonctionne l’environnement professionnel à l’étranger. Certes, on part en tant qu’ « expert », mais, pour être efficace, il faut être « perméable », dans une posture d’accompagnant qui écoute et non de celui qui sait, sinon, on peut aller au-devant de fortes déceptions.

 

Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Mai 2020

MàJ en Aout 2022

 

[1]« L’administration d’origine dispose d’un délai de deux mois pour répondre. L’absence de réponse dans ce délai vaut acceptation de la demande de mobilité. Elle peut exiger de l’agent un délai de préavis dont la durée ne peut excéder trois mois et qui doit être déterminée en tenant compte de l’intérêt du service, du parcours professionnel de l’agent et des motifs qui sous-tendent la demande de mobilité. » https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/publications/coll_outils_de_la_GRH/CMC-6.pdf


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