Eric DELAPLACE a intégré la ville de Savigny-le-Temple en 2002 comme animateur Jeunesse juste après son BEP. Il va, au fil des formations et des diplômes, élargir son champ d’action.
En 2002, il passe son Brevet d’aptitude aux fonction d’animateur. il suit différentes formations courtes (dont une formation avec CILO – Communication Interculturelles et Logiques sociales- sur « les publics difficiles »).
En 2010, il obtient son Brevet d’aptitude aux fonctions de directeur en accueils collectifs de mineurs avec la Ligue de l’Enseignement, tout en assurant à Savigny-le-Temple différentes fonctions d’animation et de chargé de mission auprès des jeunes.
En 2013, après 11 années de contrat d’animateur, Eric DELAPLACE intègre la fonction publique territoriale par le concours interne d’adjoint d’animation première classe (FPT). Il poursuit son évolution en 2015 avec le concours interne d’animateur territorial.
De 2002 à 2015, pour la ville de Savigny-le-Temple, il assure les postes d’animateurs, directeur adjoint et directeur au sein du service CALM (centre d’accueil et de loisir municipal). En 2015, il devient « Référent des activités éducatives périscolaires » au sein du centre social qui dépend de la Mairie de Savigny-le-Temple.
Après 17 ans au service de sa commune, Eric DELAPLACE souhaite avoir une autre expérience. Avec sa compagne, ils envisagent de partir au Québec. Ils participent aux journées du Québec en mai 2018 où une centaines d’entreprises canadiennes viennent à Paris pour recruter certains profils particuliers. Après deux entretiens et trois heures pour remplir les différents formulaires, sa femme décroche un poste en tant qu’infirmière.
Il reste quelques mois à Eric DELAPLACE pour trouver un poste, le départ étant prévu pour l’été 2019.
Par son réseau, il est mis en contact avec l’organisme célèbre YMCA au Québec dont il rencontre le directeur du secteur réussite scolaire, à Paris, lors d’une de ses missions, en décembre 2018. Le contact est établi et « le courant passe ».
Le couple devait arriver en juillet et un contact est pris pour une rencontre. Finalement le couple atterrit le 20 aout et le 21 aout, Eric DELAPLACE est en entretien.
Au 1er septembre 2019, il est embauché comme intervenant dans un programme du secteur réussite scolaire. Il collabore 9 mois avant qu’on ne lui propose en septembre 2020 un poste en CDI de Coordonnateur du programme « Alternative Suspension » sur le Secteur Est de Montréal : https://www.alternativesuspension.ca/fr/Alternative-Suspension-YMCA/Programme
Le fonctionnement sur place
Les YMCA sont comme un très gros centre social. Eric DELAPLACE commence tout d’abord comme intervenant puis rapidement, on lui propose le poste de Directeur et de lancer de nouveaux projets : « au Québec, quand tu travailles et que tu as des résultats, tu reçois la récompense de l’investissement très vite ».
Au niveau de l’encadrement, il trouve un management bien plus bienveillant qu’en France et surtout une reconnaissance sociale et salariale bien plus forte pour un acteur du social. Par ailleurs, il y a une forte attention à laisser la possibilité de concilier travail et vie de famille.
Ainsi, son expérience auprès des jeunes est très appréciée par son directeur et on reconnait son efficacité.
Cette « bienveillance » a toutefois un revers. Les conflits étant au maximum évité, Eric DELAPLACE reconnait qu’il peut y avoir parfois « une certaine langue de bois ».
Au niveau du contrat, la première information reçu est qu’il bénéficie de 15 jours de congés seulement. Mais en fait, il comprend rapidement qu’avec le compte -temps des heures supplémentaires et les récompenses offertes par l’employeur (par rapport au travail réussi), Eric DELAPLACE arrive à environ 7 semaines de congés annuels.
Les enjeux personnels
Eric DELAPLACE est parti dans le cadre d’un projet familial, en s’appuyant sur un contrat d’expatriation pour sa femme infirmière. C’est donc le contrat de sa conjointe qui rythme pour l’instant le calendrier même si une demande de résidence permanente a été déposée.
La pandémie COVID a bousculée un peu leur programme et a renforcé notamment le sentiment d’éloignement de la famille : « même si on savait que nous partions à l’autre bout du monde, le fait de ne rentrer qu’une fois en deux ans est un peu dur ».
Eric DELAPLACE est parti avec ses trois enfants dont le plus vieux avait 10 ans. Ils n’ont pas réussi à trouver leur appartement directement à Montréal comme ils le souhaitaient. Dans un premier temps, ils ont cherché un appartement sur le net et ont signé leur bail pour un appartement sur la Rive Sud de Montréal par mél avant même de décoller.
Neufs mois plus tard, ils ont donc déménagé à Montréal même et maintenant ils s’épanouissent totalement. Ils pressentent que le chemin de retour pourra être délicat au regard des conditions actuelles.
Ce projet était un saut en grande partie dans l’inconnu. Ils n’avaient que deux contacts au Québec.
Bien sûr, ils s’étaient un peu informés : dès septembre 2018, la famille avait fait un voyage d’une semaine pour visiter Montréal. Puis durant un an, ils ont regardé en famille tous les reportages disponibles sur Internet, lu et appris certaines expressions, etc…
Pour le départ, il n’y a pas eu de souci administratif particulier si ce n’est un stress important avant de partir : ils n’ont reçu leur visa de séjour que la veille du départ. Mais de toute manière, sa femme avait un contrat de travail et ils auraient pris de toute façon leur vol, quitte à débrouiller sur place avec les services de l’immigration.
Eric DELAPLACE arrive avec sa famille à la veille de la pandémie de COVID. Ainsi, depuis deux ans, il ne peut pas réellement tisser des liens forts avec des québécois. Il discute donc essentiellement avec les collègues et notamment un autre expatrié avec qui il décrypte certaines situations.
Mais en discutant avec sa famille restée en France, il se rend compte que la société québécoise est moins anxiogène beaucoup plus résiliente face aux conséquences de la pandémie. L’ambiance générale lui apparaît beaucoup plus positive qu’en France.
Parmi les différents chocs culturels, le fonctionnement bancaire l’a interpellé (avec la différence marquée entre carde de crédit ou de débit) mais aussi le paiement des salaires : au Québec, Eric DELAPLACE est payé toutes les deux semaines ce qui bouscule tous les référentiels : « il nous a bien fallu trois mois pour se régler ».
Il avait été averti des différences sur les systèmes de santé. Certes, ils sont toujours sur liste d’attente pour avoir un médecin référents et s’il y a une urgence il faut accepter la clinique privé avec une consultation à 250 $. Mais son employeur a une excellente assurance santé ce qui facilite l’adaptation.
Et après ? Le Retour
Eric DELAPLACE débute son expatriation et le retour n’est pas à l’ordre du jour.
Il est au milieu d’une période de 3 ans de disponibilité pour rapprochement de conjoint.
Il était bien dans son poste de Référent des activités éducatives périscolaires au centre social de Savigny-le-Temple et n’a pas fui le poste. Simplement, une opportunité de voir ailleurs s’est présentée. Il prévient dès l’automne 2018 de ces intentions de départ avec sa famille, une annonce qui est bien acceptée par sa direction. Il travaille alors à capitaliser son action et à préparer son remplacement. Mais au final il n’y a ni tuilage, ni remplacement de son poste.
Il a pu conserver quelques liens avec quelques collègues dans les mois qui suivent le départ mais ce sont plus des liens amicaux (avec d’anciens collègues qui ont pu effectuer des mobilités vers d’autres villes). Aucun contact formel par contre n’a été maintenu avec la municipalité (en dehors des liens RH)
Au niveau professionnel, en cas de retour, Eric DELAPLACE est conscient des vrais différences qui pourraient être bénéfiques en France. Il évoque notamment le management beaucoup plus confiant.
Il est aussi marqué par la reconnaissance forte de l’expertise des animateurs sociaux au Québec contrairement à la France (petit rappel, il n’y a pas de catégorie A dans le cadre d’emploi de la filière de l’animation) : « si je reviens, j’aurai du mal à revenir dans la fonction publique territoriale ».
Son conseil
Eric DELAPLACE prévient : « Le Québec, ce n’est pas la France », c’est une société à part et « si on vient en espérant retrouver la France, on se trompe ».
L’aventure au départ était une volonté familiale partagée qui s’appuyait sur le contrat d’infirmière de Madame. « Finalement je fût le premier à travailler » et cela fût important car l’expatriation coûte cher entre les achats de voiture et de meubles, les taxes pour tel ou tel permis, les frais scolaires ou de garde, … Il faut donc prévoir assez .
Enfin, Eric DELAPLACE conseille de bien se renseigner avant de partir mais au final, de se lancer en se disant que tout ne fonctionnera pas comme prévu. Mais c’est aussi cela le plaisir de l’expatriation.
Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER
https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/
Mai 2021