Clémence VIDAL


Moins de six moisEn poste au moment de la rédactionOrganisation internationaleAutreBelgique

Clémence VIDAL a 28 ans. Elle rejoint la Région Occitanie (le service Relations internationales) dès 2017 et est intégrée comme fonctionnaire territoriale en 2019. Fin 2020, elle sollicite le programme des stages ENFP à la Commission Européenne. Après plusieurs mois de bataille, elle part en 2021 pour 4 mois à la DG Agri à Bruxelles, durant lesquels elle participe notamment aux négociations du futur projet d’accord sur les échanges agricoles entre les USA et l’UE.
Date de la fiche : février et aout 2022

Clémence VIDAL a 28 ans. Elle rejoint la Région Occitanie (le service Relations internationales) dès 2017 et est intégrée comme fonctionnaire territoriale en 2019. Fin 2020, elle sollicite le programme des stages ENFP à la Commission Européenne. Après plusieurs mois de bataille, elle part en 2021 pour 4 mois à la DG Agri à Bruxelles, durant lesquels elle participe notamment aux négociations du futur projet d’accord sur les échanges agricoles entre les USA et l’UE.

Son parcours

Lors de ses études à la Sorbonne Nouvelle, Clémence VIDAL a profité du programme ERASMUS + pour effectuer une année d’études en relations internationales (son Master 1) à l’Universidad Complutense de Madrid. Elle revient ensuite à l’Université Sorbonne nouvelle pour finir un Master professionnel en Relations internationales – mention études européennes.

En 2016, son diplôme obtenu, elle intègre le CGET(Commissariat général à l’égalité des territoires) en tant que chargée de mission sur un programme européen Europ’Act.

Elle passe le concours d’attachée territoriale la même année.

Clémence VIDAL reste quelques mois au CGET avant de rejoindre la Région Occitanie en 2017. Elle est d’abord recrutée en CDD pour une mission de 20 mois au services relations internationales. Elle enchaine ensuite avec un second contrat sur l’ESS (économie sociale et solidaire) à la Direction de l’Economie et de l’Innovation. Elle sera finalement titularisée en 2019 au sein de la région Occitanie, en tant que chargée de projet « relations méditerranéennes » à la Direction des Relations Européennes et Internationales, poste qu’elle occupe toujours.

Entre octobre 2021 et janvier 2022, elle obtient auprès de la Commission européenne et de son employeur, la Région Occitanie, la possibilité de réaliser un stage à Bruxelles, dans le cadre des Stages ENFP – Experts nationaux en formation professionnelle à la Commission européenne-. Un « stage ENFP » (auparavant dénommé « stage structurel ») permet aux experts nationaux d’acquérir une expérience et une connaissance pratiques du travail quotidien des services de la Commission européenne dans un environnement professionnel multilingue (https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/2013_Note_Stage_ENFP_cle0f454c.pdf). Il y a environ une centaine d’offres annuelles réparties en deux sessions de départs, en mars et en octobre pour l’ensemble des fonctionnaires européens.

Durant quatre mois, elle partage le quotidien des fonctionnaires européens de la DG AGRI (Direction générale pour le Développement de l’Agriculture et du monde rural), dans l’unité A3 -Amériques de la direction internationale. Elle participe alors aux premières discussions internationales concernant un nouvel accord agricole entre l’UE et les USA, et au suivi des accords avec le Canada, le Chili et les pays d’Amérique Centrale.

Son départ

Clémence VIDAL candidate une première fois fin 2020 pour la session de mars 2021. Elle monte son dossier avec l’accord de sa directrice (service Relations internationales) et en informe la Direction des Ressources humaines. Sa candidature est acceptée par la Commission européenne mais refusée par sa DRH. En effet, les « stages ENFP » sont considérés comme des périodes de formation. Ce n’est pas parce que vous rejoignez la Commission que vous devenez fonctionnaire européen : les « stagiaires » restent normalement rémunérés par leur administration d’origine (comme n’importe quelle formation). Pour Clémence VIDAL, étant en CDD de 2017 à 2019, « Je suis titulaire e seulement depuis un an et je suis donc trop jeune dans la collectivité ». Lors des discussions, elle sent que les RH perçoivent mal l’intérêt de ce stage, et craignent qu’elle ne réintègre pas la collectivité à son retour : « Qu’est ce que cela va vous apporter ?». Au final cette expérience leur apparait comme une formation personnelle et non reliée à sa fonction.

La période se passe et Clémence VIDAL reste à Montpellier. Mais elle ne baisse pas les bras. Elle sollicite l’appui de sa directrice, cette fois en amont de sa nouvelle candidature. Celle-ci va présenter ce projet auprès de la Direction Générale Adjointe et directement à la Directrice des Ressources humaines, qui sont alors plus ouvertes à son projet. Celui-ci est alors accepté, après négociation : Clémence VIDAL s’engage moralement à revenir sur son poste et à ce que le stage soit réalisé dans une autre DG que la DG Devco pour acquérir de nouvelles compétences .

Une fois la validation de la Direction Générale de la Région obtenue, Clémence VIDAL échange avec différents services pour finaliser la procédure (formation, déplacement, temps de travail, etc.). « J’étais la première à participer à ce type de stage dans la collectivité, c’était un dispositif totalement inconnu pour les services. C’était complexe, mais une fois l’accord obtenu, tout le monde a essayé de trouver des solutions pour que ça fonctionne ». Il lui faut toute de même encore négocier. Pour limiter les coûts pour la collectivité, elle accepte un ordre de mission « sans frais » : la Région prendra en charge un déplacement aller-retour, et elle assurera elle-même la prise en charge de son loyer et de ses frais de séjour. Une fois sur place, elle découvrira que « 80 % des collègues européens sont non seulement totalement pris en charge mais aussi indemnisés par leur administration d’origine ».

Le fonctionnement sur place

Le programme des stages ENFP est très bien encadré et c’est un vrai outil de communication pour la Commission Européenne vers les fonctions publiques des Etats membres. Il existe une personne référente au service RH de la Commission et une personne référente dans chaque DG qui prennent contact en amont avec Clémence VIDAL pour préparer son arrivée (« j’ai reçu plein de méls avant pour avoir mon ordinateur professionnel dès mon arrivée, avec les codes d’accès, etc. »).

Puis dans la direction, elle échange très en amont avec son futur chef de service et un tuteur attitré pour établir sa fiche de stage avec l’ensemble des taches à réaliser (« liste très détaillée »). Enfin, le premier jour, l’ensemble des stagiaires sont accueillis par le Directeur de la DG et les RH : « tout est très fluide » pour pouvoir être actif très rapidement.

Clémence VIDAL prend donc ses marques très rapidement. D’autant « qu’il y a peu de différences dans les outils administratifs » avec la France. Elle n’est pas dépaysée au niveau des procédures ou des outils. Par contre elle est impressionnée par le professionnalisme et la technicité des fonctionnaires européens qu’elle côtoie : « les échanges se font en plusieurs langues tout en restant très précis, très pointus sur les sujets de fond ».

Quand j’ai postulé et que j’ai été acceptée à la Direction des Relations internationales de la DG Agri « j’ai d’abord pensé que ce serait similaire aux méthodes de travail de la DREI en Occitanie. En fait pas du tout, car le métier n’est pas le même». Clémence VIDAL est en effet intégrée au pôle « Amériques » non pas pour mener des projets de coopération mais pour gérer et définir des accords commerciaux agricoles au service de l’UE.

« Je n’y connaissais rien » reconnait-elle. Mais l’idée du programme ENFP est d’accueillir des personnes dans une posture d’apprentissage. Elle bénéficie d’un gros travail de vulgarisation et apprend le jeu des relations, des collaborations avec les partenaires commerciaux et institutionnels internationaux.

Elle découvre aussi un autre mode de fonctionnement, une transversalité omniprésente avec les autres DGs. et une administration « hyperefficace » où « les procédures sont transparentes et accessibles à tous ».

Les enjeux personnels

Pour se loger, Clémence VIDAL va se débrouiller grâce aux multiples réseaux sociaux et au bouche à oreilles. « Je suis partie seule donc très flexible, en cherchant une sous location ou une colocation pour quelques semaines seulement ».

Sur le plan des échanges linguistiques, cette expérience est très riche. « Il n’y a pas de préparation en langue ni de vérification. Il vous est demandé simplement un niveau d’anglais international c’est-à-dire un anglais pratique d’échange ». Clémence VIDAL demande en Occitanie des formations en anglais à plusieurs reprises, qui lui sont refusées car un appel d’offres est en cours pour proposer des cours de langue à plus grande échelle au niveau de la collectivité. La procédure étant longue, elle part donc à Bruxelles avec son bagage universitaire. Au bureau, son tuteur est allemand et il y a deux français dans son service. Mais « la langue de travail est l’anglais, comme dans la majorité des échanges dans l’équipe avec parfois des réunions qui se passent en espagnol ».

Au plan personnel, Clémence VIDAL « voulait vivre la Belgique ». Elle essaye de ne pas rester trop avec la communauté des expatriés : « j’ai investi tout mon temps personnel vers les Belges » et elle se trouve une collocation avec des Wallons (« qui ne s’intéressent pas à la commission » !)

Au bureau, Clémence VIDAL reconnait que les lundis, c’est un peu « l’auberge espagnole : chacun ramène quelque chose de chez lui ». Toutefois « il y a un vrai ciment : on est tous alors des fonctionnaires européens au service de l’Europe et pas chacun de son pays ».

Et au retour ?

. La collectivité n’impose à Clémence Vidal aucune démarche particulière à son retour. Elle reprend ses fonctions le 16 janvier 2022. L’ensemble de sa direction est en télétravail et sa reprise est fluide car elle n’avait pas réellement stoppé ses fonctions. « Le deal avec mes collègues était que je partais quatre mois mais que je gardais un œil sur les dossiers ». Ses missions ont été réparties entre les membres du service mais Clémence VIDAL regarde régulièrement ses courriels et appuie ses collègues depuis Bruxelles (en plus de ses missions à la DG Agri).

A Bruxelles Clémence VIDAL bénéficie d’un vrai entretien de fin de mission avec son tuteur et son chef de service pour tirer les leçons de cette période, et reçoit une lettre de recommandations. Elle rédige un rapport de quelques pages, en lien avec son tuteur, qu’elle transmet à sa hiérarchie et aux ressources humaines à son retour dans la collectivité. Elle propose également de partager son expérience avec d’autres collègues. Finalement, seule sa responsable de service lui propose un temps d’échange et de capitalisation sur son expérience.

Quand elle est en poste à Bruxelles, elle se sent ambassadrice de l’Occitanie et présente les richesses agricoles de la Région. Elle fait cette démarche spontanément mais n’a pas demandé ni reçu, avant son départ, d’outils de communication spécifiques des services de la Région.

Son conseil

Sur le plan personnel, il faut pouvoir s’organiser (les loyers, etc…) et « il faut être flexible »

Sur le plan professionnel, pour Clémence VIDAL, il faut partir avec un réel contenu de mission et pas simplement « vouloir partir loin ». Elle alerte sur certaines formes de mobilité. Il faut partir « avec un cadre bien défini pour chaque journée de travail ».

Clémence VIDAL reconnait qu’elle a dû surmonter « beaucoup, beaucoup d’obstacles » mais « il ne faut pas se démotiver, il faut persévérer ». Mais pour elle, « ce type de mobilité offre une respiration dans le quotidien territorial » : « j’ai aujourd’hui un autre regard sur mes missions avec d’autres perspectives ».

 

Entretien réalisé par Yannick Lechevallier

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

février et aout 2022


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