Charles-Edouard LEROY


AfghanistanRevenu.e dans une autre collectivitéPlus de cinq ansBurundiLibéria

Charles-Edouard LEROY a 45 ans. Il est en contrat CDI au Département de Seine-Saint-Denis au poste de Directeur adjoint du développement et des mobilités. Après un parcours professionnel dans les ONG (notamment AMI- en Afghanistan ou MSF au Libéria), il a rejoint le Département de Seine-Saint-Denis où il occupe différents postes (au Cabinet puis en tant que Directeur adjoint).
Entretien réalisé en juin 2021

Après des études de droit et un master professionnel (DESS) « coopération internationale, action humanitaire et politique de développement » à la Sorbonne (université Paris I), Charles-Edouard LEROY entame une carrière professionnelle dans les ONG.

Il part tout d’abord six mois en Afghanistan, en 2001, comme chef de mission pour AMI – Aide Médicale Internationale. Puis durant deux ans, il est chargé de mission / gestion financière au sein de Médecins du Monde (MdM) à Paris à la direction des Opérations Internationales.

En 2005, il est responsable du recrutement pour l’ONG Solidarités Internationales

Puis en 2003, il repart en expatriation, cette fois Médecins Sans Frontières (MSF). Durant trois ans, il assure le management de projets et d’équipes (jusqu’à 250 personnes) dans des contextes de post urgence, au Nigéria, Libéria et Burundi.

En 2007, il rentre en France pour pouvoir s’installer durablement avec sa compagne. Souhaitant se poser à Paris, il prend quelques postes dans les ONG et est assure durant un an la fonction de Directeur général de l’ONG « Architecture et Développement » (Budget 1,5 millions d’euros, 45 salariés en France et à l’étranger).

Mais il est un peu lâs du fonctionnement associatif et les rémunérations plafonnent.

Il est intéressé par la politique et, en 2008,  par un concours de circonstances on lui propose un poste au Cabinet de Claude Bartolone. Charles-Edouard LEROY ne connait pas les collectivités et le fonctionnement politique « je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait » mais il saute le pas. Il passe un entretien avec les Directeur de Cabinet puis avec Claude Bartolone, nouveau Président du Département de Seine-Saint-Denis. Par ses engagements, il connait et s’intéresse aux questions sociales. Il devient, de 2008 à 2011, Conseiller technique du Président du Conseil départemental en charge des questions sociales et sanitaires (écriture de notes politiques et techniques, de discours, organisation de déplacements pour le Président. Le budget des solidarités du Conseil général représente alors 1 milliard d’euros.)

Il y retrouve le rythme (« speed ») et l’absence de routine qu’il avait connu dans ses missions d’expatriation.

En mars 2011, à la suite des élections cantonales, un nouveau Président prend la tête du Département.

Charles-Edouard LEROY quitte alors le cabinet, dans un premier temps pour être chargé de mission auprès du DGS du Département.

En 2013 il est nommé Directeur adjoint de l’aménagement et du développement (pour trois ans) et depuis 2016, il est Directeur adjoint du développement et des mobilités (toujours au Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis)

Le fonctionnement en collectivité

Pour Charles-Edouard LEROY, la difficulté d’adaptation est dans le passage du milieu ONG à une collectivité française. Lui qui est habitué à l’urgence et à l’agilité des ONG, il intègre une importante collectivité locale de 8000 agents, 1Mds d’€ de budget et avec un portefeuille très large.

Mais finalement, cette expérience internationale est mise à profit.

Il garde un souvenir de son intégration : à son arrivée, on lui fait visiter la Seine-Saint-Denis, lui montrant les pires quartiers : « Je me serai cru à Lagos ou à Port Harcourt, avec une misère étonnante ». Cela résonne alors avec son expérience de terrain. « comme à MSF, comment avoir une réponse sociale à des problèmes de pauvreté ? » en défendant des causes d’intérêt général, objectif similaire à MSF.

De plus, au Cabinet d’un nouveau Président, il faut impulser de nouvelles réponses, comme sur le terrain avec MSF.

Ensuite en second point commun, il retrouve un rythme intensif, avec une absence de routine, qui nécessite une forte adaptation à l’actualité, une « hyper adaptabilité et réactivité ».

En 2012, Charles-Edouard LEROY souhaite arrêter son activité au Cabinet : « un peu frustrant car une impression constante de survol, de ne pas pouvoir aller à fond dans les dossiers ». Il souhaite pouvoir aller plus loin dans les traitements des problèmes du territoire.

Il rejoint le DGS sur les questions sociales puis prend différents postes de directions.

Cette possibilité de passer d’un pôle à l’autre est un troisième point commun avec son parcours en ONG. L’enjeu est moins de connaître la thématique que d’assurer le management des équipes très compétentes.

Les enjeux personnels

Le premier choc professionnel, en intégrant le Département, est d’être confronté à un temps de décision beaucoup plus long dans l’administration qu’il n’avait pu voir dans ses précédents emplois : « quand je passais une commande, j’attendais une réponse rapide».

C’est sans doute sur le management des collaborateurs que son expérience antérieure interpelle le plus. Charles-Edouard LEROY possède une diversité et une culture autre que la Territoriale : « je cultive le fait de ne pas être un administrateur formaté ». Il insuffle ainsi dans sa direction, un management moins classique, plus direct : « j’autorise plus d’initiatives », pour être plus efficace même « si j’ai du mettre de l’eau dans mon vin ».

Au fil des années, Charles-Edouard LEROY devient plus précautionneux au regard de la culture administrative de sa collectivité. Mais il retient de ses expériences humanitaires  le souci de l’efficacité qui s’appuie sur un management souple et direct : « je délègue, je laisse les agents échanger directement avec la DG, … »

Et après ? Le Retour

Son arrivée dans le Département, par le Cabinet puis par la DRH s’est relativement bien passée. Dans ses discussions avec la Direction des Ressources Humaines, il y a eu l’ingénierie administrative nécessaire pour le faire entrer dans le moule des grilles salariales de la fonction publique. par une procédure classique de contractualisation. Au-delà, par contre, aucune demande particulière n’a été formulée sur son parcours ou ses connaissances pouvant inspirer les autres collègues.

Cela lui apparait encore plus avec la gestion de la pandémie : « on aurait pu être plus efficace en cherchant des gens qui ont une certaine expérience de la gestion de crise ». mais en fait c’est un angle totalement aveugle dans le management d’une grosse équipe : « quand je raconte mon parcours humanitaire, on m’écoute poliment mais ce n’est pas réellement compris ». « Et même le service international ne viendra pas me chercher. »

Pourtant certaines pratiques apprises en ONG sont utiles et mise en place par Charles-Edouard LEROY. Il prend notamment l’exemple du YALTA à MSF : « tous les quatre ans, les responsables de Desk (bureau pays) tournent pour éviter de s’habituer et d’entrer dans les routines ». Il a évoqué cela avec Direction RH mais qui n’a pas saisi l’occasion.

Alors c’est dans son propre service qu’il expérimente ou implante d’autre pratiques : par exemple, à période régulière, il réunit les agents de son service pour un brainstorming d’équipe « où on abolit les relations hiérarchiques ». C’est pour Charles-Edouard LEROY , une pratique très souple et assez riche.

Son conseil

Charles-Edouard LEROY ne regrette pas son parcours au sein du Département de Seine Saint Denis.

Mais pour lui, « il existe des pans entiers de ressources non utilisées ».

 

Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Mai 2021


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