Antoine SURGET et Natassia CHYLAK


DisponibilitéAfrique du SudDe un an à moins de deux ansRevenu.e dans une autre collectivitéAutreAustralieChineKirghistanMadagascar

Antoine Surget et Natassia Chylak ont tous les deux 33 ans.
Lui est aujourd’hui responsable des projets européens pour le parc naturel régional des Vosges du Nord. Elle a pris une disponibilité de la fonction publique pour une expérience dans le privé dans le domaine de l’Eau et l’Assainissement.
Entre 2017 et 2018, ils prennent une disponibilité pour convenance personnelle et partent découvrir le monde…

Antoine Surget et Natassia Chylak ont tous les deux 33 ans.

Lui est aujourd’hui responsable des projets européens pour le parc naturel régional des Vosges du Nord. Elle a pris une disponibilité de la fonction publique pour une expérience dans le privé dans le domaine de l’Eau et l’Assainissement.

Entre 2017 et 2018, ils prennent une disponibilité pour convenance personnelle et partent découvrir le monde…

Le parcours

Natassia Chylak est diplômée de l’ENGEES – École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg-, Mastère Spécialisé « Eau potable et Assainissement ». Elle est d’abord recrutée à la Communauté d’agglomération belfortaine comme Responsable de la Cellule Rejets Industriels de mars 2011 à août 2013. Elle rejoint le Conseil départemental du Pas-de-Calais pour un poste de Responsable de l’Assistance Technique Eau en mars 2014. Elle y reste 3 ans avant de partir pour un an à travers le monde de 2017 à 2018.

De son côté, Antoine Surget a obtenu un Master II Eurostudies en Urbanisme, aménagement communautaire et régional à l’Institut d’Aménagement d’Urbanisme de Lille, en 2010. Il est alors recruté à sa sortie par le Conseil départemental du Pas-de-Calais où il débute par un poste de Chargé de mission sur les programmes européens – INTERREG (pour cinq ans) puis devient chef de mission Partenariats internationaux. Dans ce poste il développe l’appui au montage de projets européens et internationaux (solidarité internationale, jeunesse, mobilité, aménagement territorial) assure la coordination des coopérations européennes bilatérales (Angleterre et Belgique) et multilatérales du Département du Pas-de-Calais et manage une équipe de 4 agents.

En 2017-2018, ils prennent une disponibilité pour parcourir le monde ensemble.

A son retour en septembre 2018, il réintègre le Département du Pas de Calais comme chargé de mission, toujours sur l’Europe et les partenariats extérieurs.

En janvier 2020, il demande un détachement pour l’Alsace où il rejoint l’Université de Strasbourg comme responsable du département contrats de recherche au sein de la Direction de la recherche et de la valorisation.

Elle quittera en 2020 le Département pour rejoindre un bureau d’études alsacien.

Le départ

Cette année « sabbatique » est une décision familiale. Tous les deux, agents territoriaux au sein du Département du Pas-de-Calais, ils souhaitent parcourir le monde. Avec leurs compétences, ils pensent pouvoir croiser le champ d’activité de différentes ONG.

Le départ commence d’ailleurs par une mission « d’audit » de quelques projets, d’abord au Kirghizstan puis à Madagascar. En effet Natassia Chylak, par ses engagements professionnels côtoie l’Agence de l’Eau Artois Picardie et notamment connait le dispositif de soutien et de financement de projets de solidarité internationale.

La demande de disponibilité « pour convenance personnelle » a été réalisée par Antoine Surget et sa compagne au même moment en étant clairs avec leur collectivité sur leur date de retour. Cela n’a pas posé de difficulté ni pour l’un ni pour l’autre. En effet, la disponibilité est accordée sous réserve des « nécessités de service ». Antoine Surget et Natassia Chylak avaient commencé à en parler six mois en amont puis ont bien déposé formellement leur demande trois mois avant la date de départ envisagée ce qui a permis à leur service et à leur collectivité de s’organiser en conséquence.

Les Ressources Humaines ont simplement appliqué la procédure : il n’y a pas eu d’appui ou d’intérêt particulier par rapport à la démarche.

Le fonctionnement sur place

Durant cette année de disponibilité, ils s’engagent sur différentes causes et auprès de multiples ONG :

  • Kirghizistan: Professeur d’anglais
  • Chine: Bénévole dans une ferme aquaponique
  • Thaïlande: Fundraising pour un sanctuaire animalier
  • Australie: Gestion d’une guesthouse
  • Afrique du Sud: Fundraising pour une association de défense des droits des femmes en milieu rural (KwaZulu Natal)
  • Madagascar: Fundraising pour une association de protection de la forêt primaire et des lémuriens

Les relations se sont nouées au fil du voyage.

Le couple s’est fixé différents objectifs en termes de pays à visiter et un timing global (une année, avec un début par la Chine pour des questions de visa et la fin par Madagascar). Mais au fil des mois les points de passage se choisissent en fonction des opportunités et des échanges. Ils trouvent les points de chute sur différents sites d’information (www.workaway.info) : ces sites proposent des missions de volontariat souvent contre le couchage et la nourriture ce qui permet de voyager à moindre coût. C’est uniquement en Australie devant le coût important de la vie locale, qu’ils prennent un « petit job » et gèrent une guesthouse quelques semaines.

Une fois entré dans le réseau, plusieurs missions sont obtenues aussi par le bouche à oreilles

Ils passeront en moyenne un mois par pays (à l’exception de Madagascar et de l’Afrique du Sud où ils passeront à chaque vois deux mois).

Ainsi Antoine Surget estime avoir passé un tiers de son année auprès d’ONG en tant que bénévole.

Les enjeux personnels

L’idée de ce périple est de pouvoir rencontrer les gens dans les pays parcourus. Ainsi, pour Antoine Surget et Natassia Chylak, le choix de se déplacer de mission de volontariat en mission de volontariat permet de se poser dans des régions peu touristiques et de prendre du temps pour lier connaissance et tisser des liens avec les populations rencontrées.

Et après ?

Antoine Surget n’a pas été remplacé durant son année d’absence mais au retour, l’organisation du Département ayant changée, il n’a pas retrouvé exactement son poste mais une thématique similaire.

Si l’idée était de prendre une respiration et de découvrir le monde, Antoine Surget a aussi développé de nouvelles compétences, pratiquer l’interculturel, etc… Mais à son retour, il n’a ressenti aucun intérêt de sa collectivité pour utiliser cette expérience qui reste de ce fait essentiellement personnelle.

Pour Natassia Chylak, cela a été plus délicat car à son retour, le service dont elle dépendait avait disparu et le poste qui lui a été proposé n’avait pas le même intérêt que celui qu’elle avait quitté. Au fil des missions dans les différents pays, elle a pris conscience que sur les questions d’Eau et d’Assainissement, elle avait une compétence qui était valorisable. Au bout de quelques semaines, elle a entamé des démarches pour rejoindre un bureau d’études, ce qu’elle a pu faire début 2020 à Strasbourg. Natassia Chylak espère à terme pouvoir partir sur des missions de conseil à l’étranger.

Au niveau institutionnel, le Département n’a pas émis le moindre intérêt vis-à-vis de cette expérience (pas de sollicitation pour un témoignage ou un article) ni pour lui ni pour elle. Seuls les collègues directs ont fait état de leur curiosité.

Par contre, lors de son entretien pour un poste à l’Université, Antoine Surget se voit tout de suite interpellé sur cette expérience qu’on lui demande de détailler. Il peut alors valoriser notamment une expérience professionnelle dans la recherche de fonds, la collaboration multiculturelle, … Mais c’est surtout l’expérience humaine qu’Antoine tient à rapporter : il a pu évoluer professionnellement dans des environnements très difficiles en termes de contraintes, de projets mais toujours avec des relations humaines apaisées. Il réinvestit aujourd’hui cette expérience dans son quotidien professionnel pour dédramatiser les tensions qui peuvent apparaître entre collègues.

 

Une pratique particulière l’a fortement marqué : la pratique de la confiance. Dans certains pays très professionnels mais qui sont adossés à une culture orale, la confiance dans la parole est très forte entre collègues ou avec les partenaires ou la hiérarchie et ces comportements contrastent fortement avec la culture territoriale en France qui noie l’agent sous une kyrielle d’écrits, de courriels, etc… pour cadrer mais aussi et surtout « se protéger » : les effets de concurrence mis en place obligent à la protection, à la déresponsabilisation collective et sont néfastes pour l’action publique selon Antoine. Il a été marqué par les possibilités offertes par la culture orale pour rétablir les relations de confiance entre collègues. C’est aujourd’hui, dans son mode de management, un cheval de bataille : limiter les méls et augmenter le lien et l’échange oral.

Depuis, Antoine Surget a quitté son poste à l’Université de Strasbourg en septembre 2020 pour rejoindre le Parc naturel régional des Vosges du Nord (retour dans la fonction publique territoriale). Il s’occupe principalement du montage et de la gestion des projets européens (INTERREG, FEDER, FSE…) avec toujours une dimension coopération européenne et internationale (focus transfrontalier avec nos partenaires allemands).

Leurs conseils

Antoine Surget, de par son poste de responsable au Département, connaissait le milieu de la solidarité internationale, les pratiques, les principes dans la relation interculturelle … L’identification des missions apparait alors assez aisée et ils recommandent de ne pas tomber dans le « volontourisme », ces pratiques où les volontaires payent pour pouvoir vivre une mission de volontariat.

Ensuite, le couple s’est toujours astreint à recherche un équilibre entre un minimum de planification (qui apporte une certaine sécurité et limite les « galères ») et une part d’improvisation (« laisser sa place à l’imprévu ») notamment en termes de temporalité. C’est un juste milieu qui doit être rechercher pour profiter pleinement de l’expérience humaine et sortir des flux touristiques.

 

Entretien réalisé par Yannick Lechevallier

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Mai 2020

Mise à jour – aout 2022

 


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