Son parcours
Sabine GARNIER est née et a grandi en Guadeloupe. Après un bac+5 en sciences de l’Environnement, elle rejoint l’IFP (Institut Français du Pétrole) pour une formation sur l’économie du secteur de l’énergie (aspects géopolitiques au cursus international de l’IFP-School) et s’intéresse tout particulièrement aux énergies renouvelables. A la suite de sa formation, elle part à Edimbourg au sein de l’Ambassade de France au Royaume-Uni pour un VIA (Volontariat International en Administration) en 2004 pour un an, sur une activité de veille économique. En 2005, elle « revient au pays » en Guadeloupe. Elle est embauchée comme formatrice dans le domaine de la protection de l’environnement au sein des MFR -Maisons Familiales Rurales-.
En 2007, Sabine GARNIER intègre le Conseil régional de la Guadeloupe. Elle est dans un premier temps, chef de service « Energies renouvelables ». En 2009, elle s’occupe notamment de l’élaboration du SAR – Schéma d’Aménagement Régional. Elle reste dans ce service jusqu’en 2016, année où elle est mise à disposition au sein de l’Agence Française de la Biodiversité (AFB) pour la mise en œuvre d’un projet INTERREG : CARI’MAM, un Réseau de gestionnaires d’aires marines protégés de la Caraïbe pour la préservation des mammifères marins. L’aventure dure 2,5 ans et l’amène à collaborer entre autres avec Bonnaire, le Mexique, les Etats Unis et d’autres pays de la Caraïbe et d’Europe (Saint-Domingue, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Martinique, Pays-Bas). Elle participe à de nombreuses rencontres dans le bassin caribéen. Cela lui permet de valoriser son expérience en coopération internationale et sa pratique de l’anglais. Fin 2018, les équipes du projet déménagent en Martinique. Sabine GARNIER reste en Guadeloupe. Elle réintègre le Conseil régional au sein du service INTERREG.
Son envie de découvrir l’Afrique se renforce et elle commence à envisager une expatriation. Déjà elle part régulièrement en congés au Cameroun, au Bénin, au Congo, Ethiopie, Sénégal, Kenya où elle provoque diverses rencontres (notamment au sein des instituts français) pour identifier des opportunités.
Fin 2019, elle dépose une demande de disponibilité pour convenance personnelle. La Région l’encourage et en 2020 elle part au Cameroun où elle rejoint une fondation « AfricAvenir International » qui intervient sur le développement de liens entre le Cameroun et les afro-descendants et les diasporas. Elle y travaille bénévolement.
Après 4 mois sur place, Sabine GARNIER revient en Guadeloupe pour un mariage. Elle ne peut repartir du fait des restrictions liées au COVID 19. Elle se trouve bloquée, chez sa famille, sans revenus car elle avait demandé une disponibilité de 3 ans. Elle s’engage sur différents projets notamment Kem’s qui est une société qui vise à tisser des liens économiques entre l’Afrique et les Antilles. Positionnée dans un incubateur (« Les Premières de Guadeloupe »), elle essaie de proposer des évènements et activités diverses pour des porteurs de projets dont des agrotransformateurs et autour du Tourisme mémoriel.
Fin 2020, elle finit par demander sa réintégration. « J’avais gardé des contacts avec la DRH et ils comprennent la situation ». Sabine GARNIER est réintégrée au sein de la direction de l’Aménagement du Territoire. Elle exploite cette période pour refaire des économies.
En novembre 2021, elle profite de quelques jours de congés pour un projet personnel au Congo. A son retour, elle redemande un nouvelle disponibilité, cette fois pour 1 an (pour pouvoir réagir en cas de difficultés). En mars 2022 elle est donc de retour au Cameroun dans la même fondation. Elle est alors amenée à visiter d’autres pays (Côte d’Ivoire…).
Le fonctionnement sur place
Pour son premier départ (2020), Sabine GARNIER intègre comme bénévole la fondation « AfricAvenir International». Elle avait identifié cette ONG créée par un Camerounais lors d’un séjour de vacances. C’est un Tiers lieux culturel à Douala (capitale économique du Cameroun) qui organise des forums d’entreprises américaines avec des afro-descendants. « J’avais des horaires libres mais j’étais présente aux horaires de bureaux ». Sabine travaille comme en free-lance. « C’était une rencontre multiculturelle très conviviale, avec beaucoup d’empathie ». Elle découvre aussi un pays complexe, avec de grands écarts de salaires et une pratique de la corruption importante dans certains secteurs administratifs. Elle apprend énormément sur le contrôle des finances, le « checking ». « Cela a augmenté ma rigueur ».
Elle sillonne différents villages pour l’association KEM’S LAND qu’elle était en train de créer. « Je me faisais accompagner par un guide pour la traduction mais aussi pour des questions de sécurité ».
Les enjeux personnels
Pour son premier départ, « j’ai économisé durant plusieurs années pour ce départ. Durant deux années, je me suis préparée sur le plan logistique et du point de vue administratif : quelle assurance et mutuelle internationale contracter ? les précautions sanitaires à prendre, avoir un moratoire sur les impôts pour payer à son retour, relation avec sa copropriété »… Elle garde aussi son forfait mobile (international) pour conserver ses contacts.
Propriétaire en Guadeloupe, Sabine met sa maison en location et part avec deux valises. Célibataire, elle est plus libre. Elle descend dans un premier temps dans un hôtel à Douala. Elle prend un mois pour chercher en demandant à différents salariés de la fondation et des amis locaux leur aide. Elle trouve un logement dont elle paye 1 an de loyer. Elle achète quelques meubles (au retour « je les ai donnés à une association locale »).
Sur le plan des rencontres « je fuyais les expatriés » (même si elle retrouve la diaspora antillaise en Côte d’Ivoire). Elle côtoie essentiellement au Cameroun, des Camerounais : « je mangeais avec eux, il y avait aussi beaucoup d’after work ». Le WE, elle trouve une paroisse pour suivre l’office puis mangeait dans une famille où à l’hôtel pour faire du « networking ». Elle rentrait ensuite pour être un peu seule et pouvoir rester en lien par visio avec sa famille aux Antilles-Guyane et Hexagone. Elle est aussi invitée aux mariages et diverses fêtes.
Et le retour ?
Le 1 avril 2023 elle rentre en Guadeloupe. Cette seconde réintégration est moins évidente (« il faut trouver la bonne activité qui me permet aussi de développer mon activité associative personnelle en faveur de la coopération internationale vers l’Afrique en particulier »). Les Ressources humaines lui propose deux postes qui ne lui correspondent pas. Finalement, elle accepte une troisième proposition : un poste de « Chargée d’études Environnement » où elle est actuellement.
A son retour Sabine GARNIER constate un intérêt important, une écoute attentive de ses collègues. Au cours de discussions sur les pauses méridiennes, elle répond aux questions : « comment elle a trouvé le Cameroun ? » « comment s’est-elle adaptée à la vie locale ? » « quels sont les ponts culturels ? ».
Mais elle regrette de n’avoir pas eu plus d’écho certains acteurs clés du territoire et au sein de la Région. « Sur le plan personnel, je me suis fortement épanouie mais je n’ai pas pu évoquer les apports professionnels avec qui de droit au sein de mon administration d’origine ». Cependant, elle se réjouie des échanges et de l’intérêt pour son expérience au sein du tissu local, notamment des « start-up »,
Finalement, « je pourrai dire que si c’était à refaire cette période de fin 2019 à maintenant pour une expatriation in fine, je le referai et donc recommande une telle expérience à tout un chacun , quittant certes parfois notre zone de confort et prenant le risque ».
Son conseil
Pour Sabine GARNIER, ce fût une expérience marquante, fort enrichissante, de tout point de vue, ce qui l’incite aujourd’hui à chercher à repartir.
Son conseil : bien préparer et se faire des amis ou contacts avant de partir pour ne pas être seule en arrivant. Cela se fait par les réseaux sociaux, différentes applis disponibles, …
Entretien réalisé par Yannick Lechevallier https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/
Portrait réalisé avec le soutien de l’AFD – Région Atlantique
Juin 2025