Aurore ASOREY


DisponibilitéEn poste au moment de la rédactionPrivéDe deux ans à cinq ansEspagne

Aurore ASOREY a 39 ans. Elle a suivi son mari à Madrid, en Espagne en 2018 d’où elle a développé une activité de consultante en financements européens.
Entretien réalisé en juin 2021

Aurore ASOREY a obtenu un master « Conseil, Expertise et Action Publique » à l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Toulouse en 2005. A cette occasion elle avait effectué un stage en Espagne, à Saragosse, en tant que journaliste stagiaire au sein du Groupe HERALDO.

Suite à ces études « très généralistes » dans lesquelles elle ne trouve pas réellement sa voix, Aurore ASOREY passe le concours d’Attachée territoriale en 2005-2006, avec le CNED.

En parallèle de sa préparation au concours, Aurore ASOREY débute sa carrière, non pas dans une collectivité mais comme attachée parlementaire pour un député européen. Après deux ans, il lui faut trouver une collectivité pour valider son concours de la FPT obtenu en 2006. Son mari étant dans l’aéronautique, ils cherchent dans le sud-ouest. Lui trouve à Toulouse chez Airbus et Aurore ASOREY intègre en 2008 Tisséo Collectivités (Syndicat Mixte des Transports en Commun), l’autorité organisatrice des mobilités de l’Agglomération Toulousaine. Son idée est avant tout de valider son concours mais elle y restera 10 ans.

En 2010, elle obtient par voie interne le concours d’attachée principale.

Aurore ASOREY est recrutée pour gérer d’abord la fin d’un projet collaboratif européen important Son poste consiste ensuite en l’identification des financements, au montage et à la gestion des projets européens.

Mais la culture des fonds européens est peu développée au sein de sa collectivité : « on me dira régulièrement « on ne comprend pas ce que tu fais là ? » ». Aurore ASOREY se sent assez isolée (le service évolue peu et fonctionne avec deux chargées de missions). Elle participe à de nombreuses conférences européennes en mettant en avant les ingénieurs toulousains mais en fait « on nous envoyait régulièrement en représentation » et trop peu de liens étaient tissés pour la collectivité.

Pourtant, le fait d’être Autorité organisatrice de transports était une particularité dans ces séminaires où Aurore ASOREY rencontre essentiellement des chargés de missions rattachés à des métropoles.

Après quelques années, Aurore ASOREY réalise un bilan professionnel : l’envie d’évoluer et de changer d’environnement se fait plus pressante. L’idée est de rester dans l’univers des programmes de financements européens mais aussi de retrouver des équipes qui « comprennent ce que je fais ». L’envie aussi de tester l’univers du privé entre en compte.

Cette motivation de mobilité professionnelle se double d’un projet familial qui est de partir en Espagne.

Ce couple profite d’un programme de mobilité que permet Airbus pour Monsieur. Ils partent en mai 2018.

En septembre 2018, Aurore ASOREY réalise les démarches administratives en Espagne pour exercer en tant que consultante freelance. Elle identifie de petits cabinets qui font appel régulièrement à des renforts externes lors de pics d’activités, sur des missions tant en France qu’en Espagne. Puis en octobre 2019, elle signe un contrat avec un de ces clients, bureau d’étude français qui souhaite une représentante en Espagne. A cette époque, Tisséo la recontacte pour un dossier européen (elle n’a pas été remplacée) : elle décline la demande car son projet est bien de rester en Espagne.

En juin 2021, elle change de cabinet et rejoint FI Group.

Le fonctionnement sur place

Dans un premier temps, Aurore ASOREY a pris une disponibilité pour garde d’enfant de moins de 8 ans. Mais ce statut ne lui permet pas de travailler. En septembre 2018, elle dépose une demande auprès de sa collectivité d’attache pour faire évoluer son statut et pose une disponibilité pour motif personnel.

Elle a gardé, pour ces différents suivis statutaires, de bonnes relations avec la Direction des Ressources humaines – qu’elle avait côtoyé dix années durant : le suivi est sans accroc.

Au plan professionnel, Aurore ASOREY a rejoint un cabinet privé qui travaille peu avec les collectivités locales. Sa culture territoriale est donc peu valorisée. Ce sont plutôt ses compétences en anglais et en montage de projet et ses nombreuses années d’expériences dans le suivi de projet (principalement dans les domaines du transport) qui lui apportent une certaine reconnaissance.

En 2021, elle change de cabinet de conseil. Dans cette nouvelle entreprise, il existe un Département « Secteur Public » avec lequel elle doit travailler plus étroitement pour notamment apporter un service permettant un meilleur accès aux financements européens à venir avec NextGenerationEU pour les entités locales.

Contrairement à ce qu’elle aurait pu penser, ce changement du public au privé n’est pas si perturbant. Du fait de son positionnement peu reconnu dans sa collectivité d’attache, elle connaissait déjà cette nécessité « de prouver notre valeur ». Elle réalisait régulièrement des bilans d’activités et des bilans d’impacts, où elle comparait son coût et les budgets rapportés et gagnés. Elle retrouvera ces mêmes règles dans les entreprises privées : « dans le public, je ressentais le besoin de justifier mon activité ; j’avais déjà les réflexes du privé ».

Les enjeux personnels

Aurore ASOREY a des liens familiaux avec l’Espagne et y séjourne de manière privée, très régulièrement depuis de son enfance : « je suis biculturelle franco-espagnole ». C’est d’ailleurs « l’espagnol qui a sauvé mon concours d’attachée ».

Mais entre passer des vacances et y vivre, il y a un gouffre et en mai 2018, à son arrivée, elle découvre « un autre monde » notamment pour ce qui concerne les administrations : « j’ai complétement sous-estimé ce passage ». Elle affronte alors une administration très procédurale.

Bien-sûr, elle et son mari bénéficient des services de « relocation » d’Airbus qui accompagnent les familles d’expatriés de la firme. C’est notamment une facilité pour identifier une location (nous sommes partis trois jours en mars 2018 pour quelques visites et le déménagement a été réalisé en mai).

Mais malgré cet accompagnement, elle doit assurer de très nombreuses démarches.

Parallèlement, après 12 années d’activités professionnelles, Aurore ASOREY se retrouve au foyer, « maman à temps plein », ce qui est un changement de situation assez difficile à vivre pour elle qui était très active.

Elle rencontre alors de nombreux couples d’expatriés et approche l’association « Madrid Accueil » qui réunit les français et françaises de Madrid : « je me suis retrouvée face à beaucoup de femmes qui avaient du mal à reprendre une activité professionnelle après avoir suivi leur mari. De peur de rejouer « Desperate Housewives », avoir à nouveau une activité professionnelle s’est rapidement imposé comme un enjeu essentiel.

L’intégration s’est réalisée comme souvent, par l’intermédiaire de l’école (« au lycée français ») mais essentiellement dans la communauté française ou surtout avec des couples mixtes – franco-espagnols. Pour Aurore ASOREY il n’est pas simple de rencontrer des espagnols : contraint par la vie professionnelle (« je suis consultante à la maison donc pas de collègues ») et « on n’a plus vingt ans » avec peu de sorties le soir, etc.

Et après ? Le Retour

Aurore ASOREY vient de trouver un nouveau poste dans un cabinet européen.

Le retour n’est pas à l’ordre du jour aujourd’hui même si Aurore ASOREY reconnait « ne pas avoir été informée sur d’éventuelles limites pour une disponibilité ». (5 ans maximum, renouvelables dans la limite de 10 ans pour toute la carrière à condition de réintégrer la fonction publique au moins 18 mois, au plus tard à la fin d’une période de 5 ans.)

Et surtout, malgré les difficultés initiales, le couple a trouvé en Espagne, un climat très apaisé (beaucoup plus qu’en France), une belle ambiance avec une mixité sociale bien plus ancrée (sans doute « à relier à l’immigration d’Amérique latine déjà ancienne ») qui fait de Madrid une ville où vivre avec ses enfants est très agréable.

Son conseil

Au plan personnel, après ses inquiétudes face à l’ennui de la « mère au foyer », Aurore ASOREY recommande que le projet d’expatriation soit bien un projet du couple et familial, où chacun trouve son compte (« attention au projet subit »).

Mais surtout, il faut avoir l’envie de découvrir un autre pays, « cela permet de dépasser les épreuves ». Pour cela, le candidat à l’expatriation doit éviter les préjugés et les a priori et avoir l’envie de découvrir pour ne pas rester « un français ailleurs ».

De son expérience sur les programmes collaboratifs européens et de sa mobilité en Espagne, Aurore ASOREY se dit qu’une mobilité en Europe devrait être obligatoire pour les territoriaux afin « que la collectivité respire autrement » puisse s´inspirer de ce qui se fait ailleurs

 

Fiche rédigée par Yannick LECHEVALLIER

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

Juin 2021


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