Yann LAPOIRE


En poste au moment de la rédactionDétachementPlus de cinq ansColombieMexique

Yann LAPOIRE a 39 ans, il est marié et père de 2 jeunes enfants. Il est actuellement expatrié au Mexique, en tant que directeur de l’Alliance française de Querétaro.
Entretien réalisé en 2020

Son parcours

Yann LAPOIRE est attaché territorial depuis 2007.

Il a d’abord vécu une première expérience d’expatriation dans un centre culturel de N’Djamena au Tchad en tant que VSI (volontaire de solidarité internationale) en 2005-2006, après avoir obtenu son master 2 « responsable de projet culturel » à l’Université de Rouen.

A son retour, il rejoint la ville de Guyancourt où il officie en tant que responsable de l’action culturelle durant près de six années, de 2007 à 2013.

En 2012-2013, il postule sur le site Transparence du Ministère des affaires étrangères. Son expérience au Tchad attire l’attention. Il passe un entretien mais n’est pas retenu.

Il intègre alors la Région Basse-Normandie en tant que chargé des arts plastiques. Il est maintenu sur le même poste lors la fusion des deux régions normandes et la création de la Région Normandie.

En 2017, Yann LAPOIRE rejoint le Mexique comme directeur de l’Alliance française de Querétaro pour un premier contrat de 2 ans, renouvelé pour 2 ans en 2019.

Le départ

Yann LAPOIRE est parti dans le cadre d’un premier détachement de deux ans. Pour son renouvellement, celui-ci a été proposé par le MEAE au bout de 18 mois (6 mois avant la fin de son contrat) ce qui lui a permis de demander le renouvellement de son détachement. Celui-ci lui est accordé d’office.

Pour son départ de la Région Normandie, il n’a rencontré aucune difficulté majeure. Une fois reçu l’accord du MEAE, il a d’abord informé officieusement sa hiérarchie avant d’envoyer une demande officielle. La procédure administrative n’a posé aucune difficulté.

Il n’a pas eu d’échange très important avec sa collectivité vis-à-vis de cette expérience mais reconnais que ses N+1 ont vu dans cette mission une certaine reconnaissance des cadres de la collectivité. Il a d’ailleurs gardé des liens assez forts avec sa collectivité, notamment sur le volet des relations internationales. En effet, en 2016, la Région Normandie a élaboré une politique internationale très volontariste notamment avec la mise en place du dispositif « Normands autour du Monde » – https://www.normandsautourdumonde.fr/- . Par fidélité à sa collectivité, il s’est inscrit dans ce réseau et a joué la carte du marketing territorial. Ce lien avec sa collectivité d’origine est un atout pour cette dernière (dans le cadre de la stratégie internationale) mais aussi pour sa structure au Mexique, à qui il ouvre un réseau français.

Concernant son départ avec le MEAE, Yann LAPOIRE reconnait une procédure très administrative et longue mais sans réelle difficulté. Il a été accompagné par un interlocuteur spécifique avant son départ puis par l’Ambassade de France à son arrivée.

Toutefois, à Querétaro, il a du tout gérer seul. Pour éviter toute précipitation, il a loué avec sa famille un logement sur Airbnb durant deux mois. Il est arrivé sans grand déménagement avec uniquement huit valises pour l’ensemble de la famille.

Le fonctionnement sur place

Le poste de directeur d’une alliance française, à Querétaro est assez étendu : en tant que responsable du projet d’établissement, l’activité est axée autour des cours de FLE (Français Langue étrangère) et d’une mission de diffusion de la culture française.

Yann LAPOIRE anime une équipe de 40 personnes (dix administratifs et une trentaine de professeurs de français) réparti sur trois sites, avec 800 apprenants et une centaine d’événements par an. Basé en province (à 200 kms de Mexico), cela requiert une vrai capacité de leadership, ayant une forte autonomie dans son activité.

A son arrivée, il se sent un peu « hors sol ». Il a suivi l’ensemble des indications du MEAE (Mutuelle des Affaires étrangères – chère mais efficace-, transfert des dossiers, etc.), mais sur place il découvre la lourdeur des procédures administratives, du « tampon », etc.

Pour les remboursements, les délais sont très importants, nécessitant des envois par courrier en France par la valise diplomatique, etc. Même s’il recourt à des soins privés pour aller plus vite, il reconnait de ne pas faire ses demandes de remboursement systématiquement.

En termes de prise de poste, il a observé pendant trois mois le fonctionnement. Il s’est appuyé sur le projet d’établissement existant dans un premier temps. La posture adéquate est alors de respecter l’équipe locale qui est dans la place depuis de nombreuses années (et sera encore là quand il partira). Il faut éviter d’arrivée avec de grandes idées…

Les enjeux personnels

Son expérience de 2006 lui avait donné envie de repartir.

Depuis 2012 il est donc en veille sur le site Transparence, même s’il ne postule pas chaque année.

Après 4 ½ ans en poste en région, il lui a semblé que c’était le bon moment : familialement, ses enfants étaient encore en bas âge (2 et 4 ans) et professionnellement le poste de responsable d’une Alliance française alliait pédagogie et culture… ce qui lui convenait bien.

La rémunération dans le cadre du réseau du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères est qualifiée de « confortable ». Yann LAPOIRE reconnait pouvoir épargner un peu mais rappelle qu’il y a des frais à prendre directement en charge. Tout dépend ensuite du projet familial et du désir de plus ou moins découvrir la vie locale.

Sur place, le projet personnel et familial de la famille LAPOIRE est de pouvoir vivre avec les Mexicains, de partager avec eux des rencontres. Le couple a donc choisi de ne pas vivre dans une « Privada », une résidence privée et sécurisée qui induirait un coût important. La famille vit dans une maison individuelle en ville (il n’y a pas trop de souci de sécurité à Querétaro) et a choisi une scolarité privée pour ses enfants en les inscrivant dans une école Montessori (réseau très développé sur place) pour 600 €/mois.

La ville de Querétaro est une ville de deux millions d’habitants, avec une population assez aisée. Yann LAPOIRE reconnait une insertion assez simple. Il lui a semblé ne pas être face à un important fossé culturel et financier (situation très différente de sa première expatriation au Tchad).

Par ailleurs, il a pu s’adosser à une communauté française dynamique d’environ 2000 ressortissants même s’il n’a pas trop privilégié ces relations. Il s’est rapidement constitué un réseau social mexicain, profitant par ailleurs du caractère très accueillant et francophile des Mexicains.

Lors des expatriations familiales, la possibilité de travailler est une question délicate pour le ou la conjoint(e). La femme de Yann LAPOIRE est artiste indépendante. Elle a donc profité de son autonomie d’une part pour s’occuper de l’installation familiale dans les premiers mois (prendre la direction d’une Alliance vous occupe douze heures/jour dès le premier jour de la prise de fonction), puis elle a choisi de suivre une formation à distance.

Et après ?

Le contrat avec le MEAE est un contrat de deux ans renouvelable. Yann LAPOIRE a déjà bénéficié d’un renouvellement en 2019. Il a la possibilité de postuler sur un autre poste dans le réseau culturel et diplomatique français : il ne pense pas que le fait d’être déjà dans un poste du réseau facilite un nouveau contrat. En effet, cela peut dépendre de nombreux facteurs : le contexte, la concurrence des autres postulants, etc.

Son conseil

Yann LAPOIRE est très heureux de la richesse de son expérience. Conscient de ce moment privilégié, avec son épouse, ils réinventent constamment leur quotidien avec une curiosité décuplée et une forte envie de découvertes. Sur place, les weekends sont l’occasion de faire de longs trajets pour découvrir le pays et par envie de voir quelque chose de nouveau. « En France, on ne fait pas un Rouen-Marseille dans le week-end. Ici, si car on cherche constamment à découvrir, rencontrer, voir quelque chose de nouveau. ». Pour lui, le partage d’expériences particulières renforce la cellule familiale.

Sur le plan professionnel, et plus particulièrement en matière de gestion du personnel notamment, Yann LAPOIRE reconnait avoir acquis une grande capacité d’adaptation et d’innovation du fait du contexte interculturel auquel il est confronté.

En tant qu’agent territorial, il lui semble que sa culture professionnelle est appréciée par l’Ambassade. Il possède les codes nécessaires (hiérarchie, notes, etc.).

En termes de conseils, s’il recommande de s’inscrire dans les groupes « français » des réseaux sociaux pour se renseigner, s’informer, … il faut comprendre que cela est fait pour se rassurer en premier lieu mais que cela reste très incomplet et qu’on est toujours confronté à de l’inattendu. Il lui semble d’ailleurs important de partir en acceptant le principe d’une période de trois à quatre mois de « callage ». Par ailleurs, Yann LAPOIRE est parti en privilégiant la sécurité de la cellule familiale. Ainsi, ils ont commencé par une location pour deux mois pour choisir la maison qui leur conviendrait pour les quatre années suivantes. Il ne s’est pas précipité pour l’acquisition d’un véhicule qu’il a acheté finalement au bout de trois ou quatre mois seulement. Comme beaucoup d’expatriés, Yann LAPOIRE conseille d’anticiper, de préparer ce qui peut l’être… tout en acceptant l’incertitude et les aléas de l’imprévu. Pour cela, il faut prioriser ce qui est important.


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