Jean-Louis ROCHERON


DisponibilitéPrivéDe deux ans à cinq ansAutre

Jean-Louis ROCHERON a 42 ans. Administrateur territorial, après plusieurs années d’études en Allemagne, il intègre le Conseil régional de Poitou-Charentes après sa formation INET. L’international l’a toujours intéressé et en 2015, il profite d’une opportunité proposée par un ami pour vivre une première expérience de conseil à l’international en Jordanie. Parallèlement à sa carrière d’administrateur territorial à différents postes « Finances », il multiplie les missions « court terme » de conseils (OCDE, ENA, …). C’est donc naturellement que, lorsqu’il suit sa femme danoise à Copenhague en aout 2021, il se déclare consultant indépendant. Depuis 2015, il partage son expérience avec ses collègues administrateurs en tant que Délégué National en charge de la coopération et de l’international au sein de l’AATF.
Entretien réalisé en octobre 2022

Son parcours

Jean-Louis ROCHERON est administrateur depuis 2010. Avant son passage à l’INET, il obtient une licence Histoire et Géographie à l’Université de Tours. Puis il part durant 4 ans en Allemagne, à l’Université Johannes Gutenberg-de Mainz, pour suivre des Etudes en Histoire, langues et civilisations Islamiques. Retour en 2007 en France, à Sciences Po Grenoble où il prépare les concours d’administrateur et de l’ENA.

Reçu à l’INET il s’oriente plutôt vers les formations axées sur les finances et le contrôle de gestion. Après les stages statutaires, il rejoint le Conseil Régional Poitou-Charentes en 2011 d’abord en tant que Chargé de mission du DGS puis comme Directeur Adjoint du Budget et des Finances. Il va donc vivre la fusion des Régions. En 2016, il intègre les services de la Région Nouvelle Aquitaine en tant que Directeur Adjoint du Budget et des Finances où il s’occupe de la fusion des services issus des trois Régions.

Parallèlement, il donne des cours en Master à l’Université de Poitiers ou à Sciences Po Bordeaux (expérience d’enseignement importante selon lui pour son activité de consultant ensuite).

Après 6 années au Conseil régional, il sollicite un détachement pour rejoindre la CRC (Chambre Régionale des Comptes) Grand Est comme Premier Conseiller, magistrat financier. Il y reste alors presque deux ans.

Jean-Louis ROCHERON est marié à une médecin danoise qui souhaite poursuivre une activité dans la recherche médicale. En 2021, à la sortie de l’épidémie de COVID, le couple part pour Copenhague avec ses deux jeunes enfants (aujourd’hui 2 et 3,5 ans).

Pour lui, ce départ ne pose guère de soucis sur le plan professionnel. Depuis plusieurs années déjà, il mène des missions de conseil en finances publiques et en management public pour de multiples organismes comme « complément d’activités ». Il s’est ainsi doté d’une bonne expérience et donc d’un cv « acceptable » ou « bancable » pour différents bureaux d’études qui le sollicitent pour diverses missions.

En octobre 2021, il déclare au registre du commerce danois sa société de conseil « JL Rocheron Consulting ». Il multiplie depuis les missions pour des structures françaises, (ENA, Expertise France, …) mais aussi internationales (OCDE, Conseil de l’Europe, …) en tant que consultant indépendant.

Son cheminement vers le conseil

Jean-Louis ROCHERON entretient depuis toujours ses réseaux de contacts. En 2015, un ami en poste en Jordanie lui propose une intervention à Amman. Il part en quelques jours (il montre à sa hiérarchie une lettre d’invitation de l’Ambassade de France qui le laisse alors partir en cumul d’activités – d’autant que cette mission est réalisée à titre bénévole).

Il laisse une bonne impression à l’Ambassade de France qui le recommande alors à l’OCDE lorsque cette organisation lance un programme d’appui à la décentralisation. Il est recruté pour une mission perlée (plusieurs déplacements de quelques jours sur une année) en Jordanie où il travaille avec les ministères concernés et la société civile. Sur cette première mission, il n’est pas rémunéré mais il se dote d’une première expérience valorisable sur son CV. Parallèlement, il se singularise au sein de sa Région, au moment compliqué de la réorganisation et de la fusion.

En 2017, il est recruté comme formateur au sein d’un programme mené par le consortium ENA – VNG en Egypte. Il effectue 3 séjours pour un total de 4 semaines dans le cadre d’une mission courte d’expertise, de formation, et de formation de formateurs sur les finances publiques et la gouvernance locale auprès de fonctionnaires égyptiens. Cette fois il sollicite une autorisation de cumul d’activités avec rémunération – en mobilisant des congés et autres jours de CET. L’invitation officielle fait encore effet.

Rejoindre la Cour Régionale des Comptes Grand Est renforce sa compétence « finances publiques ». Cela lui permet de mener différentes missions avec Expertise France.

Son CV de consultant international s’enrichit. On citera entre autres :

Le fonctionnement sur place

A l’arrivée à Copenhague, Jean-Louis ROCHERON ne cherche pas à travailler au sein d’une entreprise danoise. Ses expériences ponctuelles à l’international lui ont fait connaitre le marché de l’expertise internationale et l’organisation du système (le triptyque bailleurs, agences et experts).Il valide rapidement un modèle économique qui lui convient. Il propose ses services autour des questions de finances publiques et de gestions des ressources humaines dans le secteur public. Travaillant indistinctement en français ou en anglais, il est enregistré notamment auprès de la structure SOCIEUX+, qui recherche des profils du secteur publics pour des opérateurs publics français, belges,…

Pour ne pas trop partir, il développe aussi une petite activité de « studies tours ». La ville de Copenhague s’est structurée pour porter une image internationale de « ville la plus pionnière sur le développement durable » et répond très favorablement à toute demande de visites et rencontres. Jean-Louis ROCHERON propose donc aux collectivités françaises des « visites professionnelles » du modèle danois (politique du vélo dans la ville, Espace Public, Déchets, Urbanisme, etc…). Plusieurs collectivités françaises ont ainsi déjà fait appel à ses services pour une visite d’études de quelques jours. Très actif sur LinkedIn pour renforcer sa visibilité auprès des collectivités françaises, voici par exemple le récit de la visite du Département du Lot en juin 2022 : https://www.linkedin.com/posts/jean-louis-rocheron-514a9918_de-retour-de-copenhague-le-lot-confort%C3%A9-activity-6950391679912689664-GDrW?utm_source=share&utm_medium=member_desktop

Toutefois ce fonctionnement pour Jean-Louis ROCHERON, fonctionnaire territorial, est aussi un choc. « En me lançant, je me retrouve seul. Certes, je suis mon propre maitre mais quand je me lève le matin, je ne sais comment va se passer la journée ». il se retrouve « en permanence en mode projet » avec l’obligation de trouver des missions tout en assurant celles déjà gagnées : une posture bien différente du cadre de la fonction publique.

Les enjeux personnels

Quand la famille part pour Copenhague, Jean-Louis ROCHERON est en détachement auprès de la CRC Grand Est. Il demande donc simplement à sa collectivité d’attache, le CR Nouvelle Aquitaine, la fin de son détachement et une disponibilité pour suivi de conjoint qui lui est accordée sans difficulté.

A Copenhague, Jean-Louis ROCHERON est « hors sol ». « professionnellement j’ai peu de contact avec les Danois ». Finalement il est introduit dans la société danoise par l’intermédiaire de sa femme. Il est donc peu en lien avec la communauté française expatriée. La famille est installée dans un quartier international et les liens se font avec des couples de diverses nationalités notamment autour des écoles et crèches pour les enfants.

Et le retour ?

Pour l’instant le retour à Bordeaux n’est pas à l’ordre du jour : « je me suis mis dans la position professionnelle de pouvoir être suffisamment souple pour que ma femme aille jusqu’au bout de sa démarche professionnelle et de recherche. S’il lui faut partir à Harvard, mon activité de conseil me le permet ». Donc pour évoquer le retour, nous reviendrons vers Jean-Louis ROCHERON dans quelques années…

Pour l’instant, sa priorité est « de ne pas se reposer sur ses lauriers ». La compétence technique qu’il vend a été développée lors de ses postes en collectivités, qui s’éloignent. « Comment éviter l’obsolescence de mes savoirs ? », « sur quels sujets pourrai-je me vendre dans les prochaines années ? » Jean-Louis ROCHERON réfléchit ainsi peut être à reprendre un doctorat pour approfondir une question particulière. Mais attention « il ne faut pas un sujet trop pointu » pour pouvoir être compatible avec les missions proposées sur le marché international.

Jean-Louis ROCHERON est certain que ce qu’il rencontre aujourd’hui dans ses différentes missions sera aussi une richesse pour une future mission en collectivité. « Dans les collectivités locales, il est nécessaire de pouvoir faire preuve d’adaptation en permanence. Les missions internationales renforcent cette compétence ». Par ailleurs, il fait remarquer que ses missions ne consistent pas en un simple transfert de méthodes : « quand vous allez dans les admnistrations du Sud, vous êtes dans un contexte très dégradé. Pour être efficace, il faut aller à l’essentiel, et revenir aux individus ». Ceci est une source d’inspiration pour la transition et l’innovation qui est demandée aujourd’hui aux collectivités publiques face aux nouveaux défis rencontrés (développement durable, diminution des ressources, sobriété, …)

Son conseil

Dès 2011 Jean Louis Rocheron rejoint l’AATF (l’Association des Administrateurs Territoriaux de France) au sein de laquelle il se charge à partir de 2015 de promouvoir la culture des missions à l’international. Il a ainsi développé un groupe de plus de 300 administrateurs prés à partir en missions courtes pour différents opérateurs, aux quatre coins du monde. « Jouer en réseau est une force » selon lui.

Son conseil, au regard de ces expériences, pour ceux qui souhaitent mener des missions courtes d’expertise est de doter son CV d’une expérience de transmission : « dans les missions à l’international, c’est ce qu’on réalise en priorité : transmettre, former. C’est ce que je fais aujourd’hui ». Il recommande donc aux agents de proposer leurs services aux centres de formation, universités et autres dans leur région pour acquérir cette compétence (qui est peu mobilisée en collectivité).

Pour Jean-Louis ROCHERON, les collectivités françaises ont une grande richesse dans les expertises de leurs agents territoriaux. Il faut réussir à la mettre en mouvement dans l’espace international pour la valoriser et la renforcer.

Entretien réalisé par Yannick Lechevallier

https://www.linkedin.com/in/yannick-lechevallier-23059819/

octobre 2022


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